Luc MICHEL pour PCN-Info /
Avec NATSIA EVROPA – PCN-SPO / 2015 05 08 /
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« Personne ne devrait minimiser les sacrifices réalisés par l’Union soviétique pour remporter ce que les Russes appellent la Grande Guerre patriotique. L’URSS a perdu 27 millions de ses habitants dans ce conflit, soit plus que les pertes subies par l’ensemble des Alliés réunis » (The Economist).
Partie 2 :
PERSONNE NE DEVRAIT MINIMISER LES SACRIFICES
REALISES PAR L’UNION SOVIETIQUE
Moscou craint fort justement une volonté de voir minimiser le rôle de l’Armée rouge et de l’URSS dans la victoire sur le fascisme. En effet, « les nouvelles générations d’Europe occidentale (mis à part les Allemands) et des Etats-Unis sont tentés de croire que ce sont le Royaume-Uni et les Etats-Unis qui ont remporté la guerre. Les festivités de Moscou, de par leur envergure, ont pour tâche de les convaincre du contraire », rappelaient les IZVESTIA.
Pourtant des voix s’élèvent pour dénoncer le révisionnisme atlantiste. « Le rôle prépondérant de l’Union soviétique dans la défaite hitlérienne sera-t-il enfin reconnu, ou bien s’agira-t-il d’un simple rituel de politesse à la mémoire de civils et soldats d’un pays étranger, sans que l’on mesure véritablement ce que nous leur devons ? » s’interrogeait dès 2005 Jonathan Steele dans THE GUARDIAN (16). Cet éditorialiste britannique dénonçait cette forme de révisionnisme historique concernant la Seconde Guerre mondiale en la mettant en parallèle avec celle du génocide nazi : « Si la négation du rôle de l’Union soviétique et de l’Armée rouge n’est pas aussi perverse que la négation de l’Holocauste, elle est néanmoins largement répandue en Occident (…) Personne ne peut contester le fait que, après le débarquement allié en Normandie les Occidentaux s’attaquaient à 58 divisions allemandes alors que l’URSS en affrontait 228. L’Armée rouge a donc infligé 80 % des pertes à la machine de guerre nazie – mais combien d’hommes politiques européens et américains l’admettent ? »
Ce refus de reconnaître à sa juste valeur l’apport décisif de l’Armée rouge dans la victoire contre Hitler est tout aussi mensonger que le discours – typique de l’idéologie libérale-atlantiste – visant à placer sur un même plan le nazisme et le stalinisme. « Les éminents historiens du XXe siècle que sont Moshe Lewin et Ian Kershaw ont déjà démontré, dans leur ouvrage sur le stalinisme et le nazisme, l’inefficacité d’une telle approche, car les deux régimes ont des points de divergence fondamentaux », précisait encore Jonathan Steele. « Sous Staline, il n’y avait rien de comparable avec les concepts et les politiques nazis de stérilisation des ‘inaptes’, d’euthanasie des personnes considérées comme un fardeau pour la société, de nations ‘sous-humaines’ et de camps d’extermination des Juifs », rappelle le journaliste. En d’autres termes, « à la différence du régime stalinien, le régime nazi ne peut être perçu comme une dictature de modernisation. Il est préoccupé par la renaissance nationale et la suprématie fondées sur la purification raciale et la régénération ».
Steele s’en prenait enfin – en des termes similaires aux nôtres – aux dirigeants baltes d’aujourd’hui qui « ont également tort de prétendre que les régimes d’avant-guerre dans les Etats baltes n’étaient pas autoritaires et chauvinistes et que l’occupation soviétique était égale, voire pire que celle des nazis. Il suffit de lire les mémoires des rares survivants juifs lituaniens ».
Même arguments chez l’académicien Alexandre Tchoubarian, directeur de l’Institut de l’Histoire universelle de l’Académie des Sciences de Russie, intervenant, à Moscou en février 2005, au cours d’une « conférence consacrée à la période de la crise internationale d’avant-guerre » et opposant historiens russes et lettons. Sur la question de l’adhésion des républiques baltes à l’Union Soviétique en 1939-1940, et en réponse aux arguments du révisionnisme balte, les savants russes avaient jugé parfaitement « injustifié de parler d’une responsabilité égale de l’Allemagne fasciste et de l’Union Soviétique pour l’escalade de la crise d’avant-guerre et d’autant plus pour le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale (…) Les événements liés à la signature du Traité soviéto-allemand du 23 août 1939 (Pacte Molotov-Ribbentrop) doivent être examinés et analysés, tant des points de vue politique, idéologique et juridique, que compte tenu des réalités historiques concrètes de l’époque », a souligné Tchoubarian. « Les mesures adoptées par le régime de Staline pour rattacher les républiques baltes à l’Union Soviétique n’avaient été en fait qu’une contrainte face à la menace militaire grandissante de la part de l’Allemagne fasciste qui avait écrasé la France en 1940 », a fait remarquer Alexandre Orlov, représentant l’Institut de l’histoire militaire du ministère de la Défense de la Fédération de Russie. « Il avait été indispensable d’empêcher la création d’une tête de pont allemande à proximité immédiate des frontières de l’Union Soviétique. C’est une stratégie d’une limite avancée », a encore précisé l’historien militaire russe. Mikhaïl Magkov, directeur du Centre de l’histoire militaire à l’Institut de l’Histoire universelle de l’Académie des Sciences de Russie, soulignait que « les historiens russes ont rappelé à leurs collègues lettons ce conflit global qu’avaient préparé Hitler et la direction nazie, ces objectifs que s’étaient assignés les fascistes à l’époque. Il ne s’agissait pas seulement de triompher de l’URSS, mais d’exterminer les gens ».
POURQUOI MINIMISER LA VICTOIRE SOVIETIQUE ?
En Europe occidentale même, d’autres voix se sont élevées pour refuser ce révisionnisme atlantiste. Ainsi Guy SPITAELS, Jean-Marie CHAUVIER et Vladimir CALLER, respectivement Ministre d’Etat et écrivain et journalistes, dans LA LIBRE BELGIQUE (17), sous le titre « Pourquoi minimiser la victoire « rouge » ? », ont développé une argumentation difficilement réfutable dont ils précisent que « ce n’est pas d’ « une opinion » qu’il s’agit ici, mais de faits historiques peu connus des nouvelles générations » : « Pourquoi réduire aujourd’hui le rôle majeur des Soviétiques dans la victoire sur le nazisme en 1945 ? Et l’action des résistances nationales ? Avec la guerre froide, l’historiographie occidentale a surtout crédité les Anglo-Saxons (…) Pourquoi ce qui était « vérité » en 1945, au moment de la victoire sur le nazisme, n’aurait-il plus cours aujourd’hui ? Cette victoire eut pour principaux artisans l’Armée Rouge et le peuple soviétique. La moitié au moins des victimes de la Deuxième Guerre mondiale étaient soviétiques. Les chefs nazis avaient prévu la disparition de 30 millions au moins d’ « Untermenschen » (sous-hommes) soviétiques, et la déportation d’un autre contingent de 30 millions. Dans les territoires occupés, ils ont réussi à exterminer 10 millions de personnes, dont 2,7 millions de Juifs. La « mort programmée » de 3,3 millions de prisonniers soviétiques rien qu’en 1941-42 ! Le siège de Léningrad, les « milliers d’Oradour » en Biélorussie, en Russie et en Ukraine, les 70000 villages détruits, les innombrables massacres perpétrés par les Einzatsgruppen, les SS, la Wehrmacht et leurs auxiliaires nationalistes ou fascistes (polonais, baltes, lettons, lituaniens, ukrainiens), un génocide auquel les Soviétiques ont pu soustraire un million de Juifs (…) Le rôle majeur des Soviétiques dans la victoire fut reconnu, en 1945, par les principaux chefs politiques et militaires des pays de la coalition anti-hitlérienne – le président américain Franklin Roosevelt, le premier ministre britannique Winston Churchill et le général de Gaulle. Nos libérations auraient-elles pu avoir lieu sans les victoires soviétiques remportées successivement à Moscou, Stalingrad et Koursk, la grande contre-offensive qui mena les armées du maréchal Joukov à planter le drapeau rouge, à Berlin, sur le Reichstag ? Sans ces victoires « rouges », le judéocide nazi n’aurait-il pas continué jusqu’à la liquidation des 11 à 12 millions de Juifs d’Europe qui était l’objectif poursuivi ? Il semblerait qu’on veuille parler le moins possible, désormais, de cette contribution soviétique (…)
Les recherches récentes des historiens allemands, puisant dans de nouveaux fonds d’archives, confirment et détaillent le génocide en montrant les complicités locales, notamment en Galicie orientale ex-polonaise. Ils attestent que l’extermination des « Untermenschen » slaves et les débuts du judéocide font partie d’un seul et même processus, inscrit dans l’Histoire de cette guerre à l’Est aux visées coloniales et racialistes (…)
Une autre vérité doit être rappelée. Le « front de l’Est » contre le « judéo-bolchevisme », selon la définition nazie du pouvoir soviétique, n’était pas le fait des seuls Allemands. Des troupes alliées de Roumanie, de Hongrie, d’Espagne, d’Italie, de Croatie, des légions et divisions SS venues de toute l’Europe, y compris du pays flamand et de Wallonie, y ont appuyé l’entreprise nazie, avec la bénédiction de certains clergés. Certains historiens se croient d’ailleurs fondés à parler de « guerre civile européenne », où l’Europe « chrétienne et civilisée » se serait coalisée aux côtés des fascismes « contre la barbarie bolchevique ». Une thèse qui convient aujourd’hui à ceux qui, en Allemagne et parmi les héritiers des nationalismes collaborateurs en pays baltes et en Ukraine, ou en Flandre, entendent réhabiliter les anciens SS et les mouvements nationaux ou « antistaliniens » qui se fourvoyèrent avec Hitler jusqu’à prendre part au génocide nazi ».
Et ils terminaient ce réquisitoire implacable par la condamnation sans appel du révisionnisme balte : « Ainsi, nous souhaitons simplement qu’en ces 8 et 9 mai, journées anniversaires de la capitulation nazie, certains faits historiques ne soient pas victimes du mensonge par omission. Et que l’occasion ne soit pas saisie pour réhabiliter la collaboration et ériger des monuments aux anciens SS ! »
UN AUTRE VISAGE DU STALINISME
La propagande américaine, reprise par ses valets occidentaux, assimile sans cesse STALINE et HITLER, l’espoir et l’enfer. Les Américains, qui n’ont jamais connu la guerre sur leur sol, ont oublié les 27 millions de morts soviétiques de la Grande guerre patriotique. Des historiens partiaux comme FURET, le renégat COURTOIS ou l’équipe de Thierry WOLTON accréditent d’ailleurs cette thèse d’une parenté entre Stalinisme, Bolchevisme et National-socialisme, faisant de STALINE « le complice de HITLER ».
Un livre de Thierry WOLTON, « ROUGE BRUN » (18), comprend d’ailleurs un chapitre sur les Nationaux-bolchéviques russes et allemands (19), qui est une véritable insulte à la mémoire des uns et des autres.
La vérité est que l’Union soviétique depuis la Révolution d’Octobre était une citadelle assiégée, qui avait connu la guerre civile et l’intervention étrangère. Une réalité omniprésente à la mémoire de STALINE et des Soviétiques, comme le leader soviétique le rappelait aux heures les plus sombres de l’offensive allemande, lors de l’anniversaire de la Révolution d’Octobre du 2 novembre 1941 à Moscou : « Il y a eu des jours où notre pays connut une situation encore plus pénible. Rappelez-vous l’année 1918, date à laquelle nous célébrions notre premier anniversaire de la Révolution d’Octobre. Les trois quarts de notre pays se trouvaient alors aux mains de l’intervention étrangère. Nous avions momentanément perdu l’Ukraine, le Caucase, l’Asie centrale, l’Oural, la Sibérie, l’Extrême-orient. Nous n’avions pas d’alliés, nous n’avions pas d’Armée rouge, – nous étions seulement en train de la créer ; nous manquions de blé, d’armement, d’équipement. Quatorze Etats enserraient notre pays, mais nous ne nous laissions pas décourager, ni abattre. C’est dans le feu de 1a guerre que nous organisions alors notre Armée rouge et avions changé notre pays en un camp retranché. L’esprit du grand Lénine nous inspirait alors pour une guerre contre l’intervention étrangère. Et qu’est-il advenu ? Nous avons battu l’intervention, récupéré tous les territoires perdus et obtenu la victoire ». (20)
Les pseudo « arguments » des COURTOIS et autres WOLTON relatifs à la soi-disant « complicité de STALINE pour HITLER », à sa « passivité » qui aurait expliqué ce qu’ils appellent « l’effondrement des armées soviétiques devant l’assaut hitlérien », sont aujourd’hui confrontés à l’ouverture des archives militaires soviétiques à Moscou. Celles-ci ne concordent guère avec les thèses des historiens libéraux. Les archives soviétiques dont nous disposons confirment la réalité historique de la figure héroïque d’un STALINE inflexible, refusant de quitter Moscou alors que les armées nazies sont à moins de 20 kilomètres du Kremlin.
Un autre visage du Stalinisme en ressort, qui, dès 1940, se prépare à faire face à l’assaut hitlérien.
MOSCOU 1941 : LE PIEGE STRATEGIQUE TENDU AUX ARMEES ALLEMANDES
Les éditions PRESIDIO PRESS, bien connues des amateurs d’histoire militaire, ont publié une nouvelle analyse de la campagne allemande de 1941, la fameuse Opération Barbarossa, qui finit par échouer devant Moscou, au mois de décembre de la même année. « THUNDER ON THE DNEPR – ZHUKOV-STALIN AND THE DEFEAT OF HITLER’S BLITZKRIEG », est l’œuvre de deux auteurs : un historien américain, Bryan FUGATE, et un historien russe, ancien officier d’état-major de l’armée soviétique, le colonel Lev DVORETSKY (21). « Cela constitue d’ailleurs … un gage de qualité, car cette « double vision » est assortie d’une « plongée » particulièrement bien informée dans les archives soviétiques récemment déclassées et les plus originales. De nombreuses légendes sont ici mises à mal : l’excellence des généraux allemands et les entraves supposément mises en travers de leur route par l’immixtion politique de HITLER dans leurs décisions ; le caractère central de la boue et du « général Hiver » dans l’échec allemand, etc. Non, il apparaît bien en effet que les Soviétiques, malgré de graves lacunes et déficiences, disposaient tout de même de stratèges de bon niveau tels que Joukov ou Timoshenko, et qu’ils avaient soigneusement planifié une partie de leurs actions de retardement et d’attrition de l’armée allemande ». (22)
Ce nouveau regard sur la conduite de la guerre par le maréchal STALINE fait également apparaître des faits que les critiques considèrent comme « troublants », notamment le piège stratégique « tendu aux armées allemandes du centre, que STALINE et ses généraux ont attiré devant Moscou pour les y écraser ».
Bien loin des soi-disant « erreurs politiques et stratégiques » d’un STALINE paralysé de sympathie pour un régime nazi qui était la négation même de la vision de l’homme nouveau que prônait le Bolchévisme et la Russie soviétique. « On y apprend aussi des faits aussi troublants que « parlants » pour les praticiens du jeu d’histoire que nous sommes : ainsi le fait que les bonnes décisions prises par ces deux généraux soviétiques durant cette désastreuse année 1941 étaient principalement le résultat d’études réalisées en 1940 et dans les premiers mois de 1941 lors de gigantesques séances de « kriegspiel » menées au Kremlin, en présence de Staline, et qui avaient abouti à la conclusion que, non seulement les Allemands pouvaient être stoppés avant Moscou, mais encore qu’il était alors vain, pour l’Armée rouge, de contre-attaquer trop tôt. Ces jeux avaient encore montré qu’une défense en profondeur devait être disposée tout au long du Dniepr, dans le but de ralentir et d’épuiser les Allemands. Le centre de gravité de ce dispositif allait être situé sur la petite localité de Yelnia (nom bien obscur en regard de Leningrad, Stalingrad et autre Koursk… !), où de féroces combats se déroulèrent bel et bien à l’automne 1941. Là, l’Armée rouge tendit une « embuscade stratégique » au Groupe d’armées Centre, lequel se montra dès lors incapable de résister à la contre-attaque soviétique de décembre ». (23)
LA POPULARITE DE STALINE EN RUSSIE AUJOURD’HUI
Ce rôle essentiel, crucial, de Staline dans la victoire de 1945 explique pourquoi la figure du Maréchal soviétique s’impose aujourd’hui, malgré six décennies de calomnies, dans la mémoire et le cœur des Russes.
Car il existe une forme de révisionnisme encore plus insidieuse, rencontrée chez les anciens partisans du Gorbatchévisme, et qui est de nier le rôle de Staline dans la victoire. De l’avis du politologue Leonid Radzikhovsky, « si un autre que Staline avait été à la tête de l’URSS il n’y aurait peut-être pas eu 30 millions de morts, mais il n’y aurait pas eu non plus la Victoire (…) L’apport gigantesque fait par Staline (et aussi par son parti et son système) à la Victoire est indéniable ». « Les mots « le peuple a vaincu sans Staline » ont un sens émotionnel, seulement ils n’ont aucune teneur réelle. Il est clair que c’est le peuple qui combat, le peuple qui est organisé, qui est dirigé », avait dit le politologue dans une interview accordée au quotidien gouvernemental ROSSISKAÏA GAZETA en mai 2005.
L’opinion publique russe ne s’y trompe pas. Et la politique du Kremlin l’a bien compris. Ceci dès 2005.
« Depuis des mois, le Kremlin prépare les cérémonies qui vont célébrer – dans tout le pays – la victoire et la grandeur de la Russie soviétique et la grandeur de son chef Joseph Staline, redevenu très populaire sinon clairement réhabilité » soulignait RFI (24). « Dans les rues de Moscou, des affiches qui reproduisent le graphisme des vieilles affiches soviétiques rendant hommages aux anciens combattants et à l’URSS victorieuse sont omniprésentes et réaffirment les grandes filiations du nationalisme russe : Koulikovo, la victoire du prince Donskoï contre les Mongols en 1380 ; Borodino, la victoire de Koutouzov contre la Grande armée de Napoléon en 1812 ; et l’épopée qui fit basculer la Seconde guerre mondiale de Stalingrad à la prise de Berlin », c’est-à-dire fort précisément les axes de la propagande de guerre stalinienne.
« Cette réactivation de mémoire est d’autant plus en phase avec l’opinion russe que les dernières révolutions paisibles en Géorgie, en Ukraine ou au Kirghizistan sont perçues comme des mauvais coups d’une main invisible américaine qui aurait favorisé aussi le dernier élargissement de l’Union européenne à une dizaine de pays de l’Est… autant de bouleversements qui ont passablement réduit la sphère d’influence de l’éternelle Russie (…) En voulant gagner la bataille de la commémoration, Vladimir Poutine cherche aussi à redire qu’il n’a pas de leçons à recevoir, ni des Etats-Unis, ni des Européens, et que son pays reste une grande puissance avec laquelle il faut encore compter… », ajoutait l’éditorialiste de RFI.
CONTINUER LE COMBAT !
Nous ne sommes pas de ceux qui sont attachés sentimentalement aux mythes historiques, au passé, aux commémorations. L’usage des « totems de la tribu » – comme les définissait cyniquement Koestler – n’a de sens que pour l’action, pour défendre le présent et forger le futur.
Le 9 mai et le débat ouvert par les révisionnismes jumeaux des Atlantistes et des post-fascistes baltes ou ukrainiens ont le mérite de nous rappeler que la guerre commencée en 1917 n’est pas terminée. Que celle de 1940-45 voyait s’affronter non pas deux mais trois idéologies. Et que celle qui a pris le devant sur la scène de l’histoire – la libérale-capitaliste avec son hégémon yankee et son bras armé atlantiste – fait toujours la guerre aux peuples du monde. Après la « troisième guerre mondiale », la guerre froide, qu’ils ont gagné, les idéologies atlantistes, au premier rang desquels figurent les arrogants néo-conservateurs apparentés à ce fascisme (25) que l’on a cru terrassé en 1945, entendent mener la « quatrième guerre mondiale ». Ainsi « les néoconservateurs américains pensent qu’ils ont gagné la troisième guerre mondiale contre l’URSS. Ils se considèrent aujourd’hui au cœur d’un nouveau conflit planétaire » (26).
Earl Tilford, ancien directeur de recherche à l’Institut d’études stratégiques de l’armée américaine nous le confirme : « C’est la quatrième guerre mondiale. Laissez tomber le côté racoleur et crapoteux d’Abou Ghraib. Arrêtez de proférer des slogans idiots comme : « Bush a menti et des soldats meurent ». Endurcissez-vous et préparez-vous à une guerre longue et meurtrière. Cette guerre, nous n’avons pas le droit de la perdre ».
La Résistance soviétique nous indique clairement que l’impérialisme ne se discute mais qu’il se combat. « Plus un pas en arrière » commandait avec raison Joseph Staline.
Luc MICHEL
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NOTES ET RENVOIS DE LA 2e PARTIE :
(16) Jonathan Steele, “History shows this drive to the east could bring disaster. Denial of Russia’s role in defeating Hitler feeds a dangerous mentality”, THE GUARDIAN, Friday May 6, 2005.
(17) Guy SPITAELS, Jean-Marie CHAUVIER et Vladimir CALLER, « Opinion – COMMEMORATION DU 8 MAI 1945. Pourquoi minimiser la victoire « rouge » ? », LA LIBRE BELGIQUE, Bruxelles, 9 mai 2005.
(18) Thierry WOLTON, « ROUGE BRUN, LE MAL DU SIECLE », Ed. J.C. Lattès, Paris, 1999.
(19) Ibid, chapitre 11 : « La Synthèse national-bolchévique. L’attraction des extrêmes ».
Travestissant l’histoire, et à la suite de beaucoup d’autres, WOLTON oublie de préciser que les Nationaux-bolcheviques allemands ont été les premiers et les derniers à résister au REICH nazi, qu’ils ont porté le triangle rouge, et l’étoile jaune pour certains, dans les camps d’exterminations nazis. Et qu’ils n’ont jamais abdiqués.
(20) J.V. STALINE, « Discours prononcé à la revue de l’Armée rouge » (sur la place Rouge à Moscou), 7 novembre 1941.
(21) Bryan FUGATE et Lev DVORETSKY, “THUNDER ON THE DNEPR – ZHUKOV-STALIN AND THE DEFEAT OF HITLER’S BLITZKRIEG”, Presidio Press, USA (Californie), 1998.
(22) (23) Laurent HENNINGER, « La Bibliothèque stratégique, l’art de la guerre », in « VAE VICTIS », Paris, n° 20, mai-juin 1998.
(24) Richard Labévière, « La bataille de la commémoration », RADIO FRANCE INTERNATIONALE, 6 mai 2005.
(25) Lire sur ce sujet de Justin Raimondo, “Today’s Conservatives Are Fascists”, (ANTIWAR.COM) BEHIND THE HEADLINES, January 3, 2005.
Extraits: “The idea that today’s conservatives are in any way defenders of individual liberty, the free market, and what Russell Kirk called « the permanent things », i.e., the sacred traditions that have accumulated over time to constitute the core of our Judeo-Christian culture, is no longer a defensible proposition. Instead, what used to be called the conservative movement has morphed, almost overnight, into a coterie of moral monsters, whose political program is one of unmitigated evil. (…) In any case, by this time the evidence for the malevolent transformation of the American Right is all around us – in the ravings of Fox News « commentators, » in the sheer existence of Ann Coulter, in the usurpation of a formerly respectable political tendency by the greasy evasions of the « neo »-conservatives. This change is most starkly dramatized in three disturbing trends: Widespread support on the Right for internment of Japanese-Americans during World War II, touting Michelle Malkin’s shoddy-to-nonexistent scholarship, with the implication that we should be contemplating the same treatment for Americans of Arab descent, the justification of torture when utilized by the American military in the name of the « war on terrorism » by « conservative » legal theorists, and advocacy of a ruthlessly aggressive foreign policy of military expansionism, supposedly in order to spread « democracy » around the world (…) the totalitarian sickness is gnawing away at the very vitals of the American conservative movement. This cancer germinated as a result of the Right’s lockstep support for the worldwide « war on terrorism, » which they take to mean not just the ongoing conflict in Iraq, but a perpetual war for perpetual « peace ». (…) It is the banner of a thoroughly degenerated and corrupt « conservatism » that is, in effect, fascism – a blueprint for totalitarianism erected in the name of fighting « terrorism ». (…) Mussolini never got his thick mitts on nuclear weapons, and for that we ought to be grateful: but today’s neocons do have access to nukes, via their sock puppet in the White House, and thus represent an imminent threat. They are not only waging an immoral and destructive war in Iraq – a war destructive of U.S. interests as well as Iraqi lives – but they are moving on new fronts, from Syria to Russia and the Caucasus, to start new conflicts. This is the main justification and motivating factor behind their political agenda: tyranny on the home front and blood-lust abroad (…) Surely « fascism with a ‘democratic’ face » sums up the Bushian « global democratic revolution » just as accurately and succinctly, although admittedly this fails to capture the full horror of what the « liberation » of Iraq actually entails. Perhaps « fascism with a democratic face – and bloodstained hands » is more precise”.
(26) Tom Engelhardt, « La quatrième guerre mondiale a-t-elle débuté ? », in MOTHER JONES, traduction française dans COURRIER INTERNATIONAL – n° 757 – 4 mai 2005.
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