2013 03 08 /
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http://cameroonvoice.com/news/news.rcv?id=10055
M. Kenyatta, bête noire de l’Occident, par ailleurs poursuivi par la justice internationale pour « crimes contre l’Humanité » – des accusations dont il se dit totalement innocent -, aurait recueilli plus de 2,4 millions de voix contre près de 1,9 million pour M. Odinga, Premier ministre sortant, selon un décompte de la commission électorale rapporté par les médias kényans.
Le camp d’Odinga dénonce des résultats « trafiqués » de la présidentielle et réclame l’arrêt du dépouillement de la présidentielle.
Les Kényans attendaient hier jeudi toujours les résultats définitifs du scrutin présidentiel de lundi. L’élection est la première depuis celle de fin 2007, dont le résultat avait été largement contesté et qui avait débouché sur de sanglants affrontements politico-ethniques.
Selon l’AFP et nos correspondants locaux, le vice-Premier ministre Uhuru Kenyatta bénéficiait toujours d’une nette avance ce jeudi matin sur son principal adversaire Raila Odinga pour l’élection présidentielle de lundi au Kenya, selon des résultats partiels portant sur près de la moitié des votants.
M. Kenyatta, bête noire de l’Occident, par ailleurs poursuivi par la justice internationale pour « crimes contre l’Humanité » – des accusations dont il se dit totalement innocent -, aurait recueilli plus de 2,4 millions de voix contre près de 1,9 million pour M. Odinga, Premier ministre sortant, selon un décompte de la commission électorale rapporté par les médias kényans.
Raila Odinga avait été candidat malheureux contre le président sortant Mwai Kibaki – octogénaire, qui ne se représente pas cette année – lors du précédent scrutin de décembre 2007, dont la contestation avait débouché sur les pires violences dans le pays depuis l’indépendance (plus de 1.000 morts et 600.000 déplacés).
Toujours de résultats partiels
Les résultats partiels publiés ce jeudi portent sur environ 4,5 millions de bulletins, alors que plus de 10 millions de personnes ont participé au scrutin lundi, selon les estimations de la commission électorale nationale (IEBC).
La commission électorale publie depuis mercredi des résultats partiels cette fois-ci officiels du scrutin présidentiel, après qu’une panne de ses systèmes informatiques apparemment saturés l’a contraint à suspendre une tentative de publication préalable des résultats provisoires en temps réel.
Plus de 38.000 bulletins nuls ont été décomptés jeudi matin, selon la télévision Citizen TV, soit nettement moins que les centaines de milliers dont faisaient état les précédents résultats provisoires, et sans qu’une explication n’ait encore été donnée à ce propos.
Les contretemps dans le dépouillement ont entraîné des frustrations dans le pays, mais pas de violence notable. « Nous devrions annoncer les résultats finaux vendredi », a déclaré mercredi soir le président de la Commission, Ahmed Issack Hassan.
Le camp d’Odinga dénonce les résultats « trafiqués » de la présidentielle
Le colistier du Premier ministre Raila Odinga dans la course à la présidentielle kényane, Kalonzo Musyoka, a dénoncé jeudi des résultats « trafiqués » après le scrutin de lundi, et il a demandé l’arrêt du dépouillement en cours.
« Nous avons des preuves que les résultats que nous avons reçus ont été trafiqués, » a-t-il déclaré devant la presse. « Dans certains cas, le nombre total de bulletins dépasse le nombre d’électeurs enregistrés, » a-t-il précisé.
M. Musyoka, qui vise à se maintenir à son poste actuel de vice-président aux côtés de M. Odinga, a également affirmé que des observateurs de sa coalition, Cord, s’étaient « faits expulser de centres de dépouillement. »
« Nous n’avons pas pu vérifier les résultats (…) cela affecte tous les partis », a-t-il ajouté.
Le vice-président sortant a cependant précisé que ses accusations « ne constituaient pas un appel à la rue ». « Nous sommes attachés à l’Etat de droit », a-t-il poursuivi. Mais, « en raison de ces préoccupations », il a tout de même estimé que « le processus de dépouillement manqu(ait) d’intégrité et (devait) être stoppé ».
Le camp d’Odinga réclame l’arrêt du dépouillement
Le camp du Premier ministre kényan Raila Odinga a aussi demandé ce jeudi l’arrêt du dépouillement en cours, en dénonçant comme « trafiqués » les résultats partiels qui donnent en tête son grand rival Uhuru Kenyatta.
« En raison de ces préoccupations », le colistier de M. Odinga a estimé que « le processus de dépouillement manqu(ait) d’intégrité et (devait) être stoppé ».
La Commission électorale indépendante kényane, qui a sept jours pour publier les résultats à compter du jour du scrutin, les promet désormais pour ce vendredi.
Multiplication des critiques sur l’organisation du scrutin
Depuis deux jours, les critiques se multiplient sur l’organisation du vote et du dépouillement par la Commission électorale. Car les couacs se sont accumulés dans cette élection qui se voulait exemplaire de transparence pour éviter de nouveaux soupçons de fraude.
Le système de reconnaissance biométrique des électeurs s’est d’abord effondré dans de nombreux bureaux, forçant les agents électoraux à vérifier manuellement les listes. De nombreux Kényans ont aussi dit avoir eu du mal à déterminer dans quelles urnes placer leurs bulletins: en plus de la présidentielle, cinq autres scrutins étaient organisés en même temps (législatifs et locaux notamment).
Le système d’envoi des résultats provisoires – par SMS – s’est ensuite à son tour effondré.
Avant de planter, il a recensé un nombre considérable de vote nuls – plus de 300.000 -, que la Commission électorale a décidé d’intégrer dans la base de calcul de la majorité absolue requise pour une victoire au premier tour, à la fureur du camp Kenyatta: cela diluait son avance et renforçait la probabilité d’un second tour.
Depuis, la Commission électorale a abandonné le décompte électronique et n’affiche plus que des résultats définitifs sur la base des procès-verbaux que lui rapportent ses agents déployés sur les terrain.
Mais si l’avance de M. Kenyatta s’est confirmé avec le passage au décompte à partir des procès-verbaux, le nombre de bulletins nuls a, lui, fondu, rajoutant à la confusion. Ils étaient jeudi midi inférieurs à 50.000, sans qu’aucune explication ne soit fournie.
Luc MICHEL