KH & LM pour EODE Press Office
avec PCN-SPO – AFP – Belga – Technip / 2013 07 21 /
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La coalition de droite du Premier ministre japonais Shinzo Abe est assurée de remporter une large majorité au Sénat à l’issue du scrutin de ce dimanche, a indiqué la chaîne publique NHK.
Le Parti Libéral-Démocrate (PLD) de M. Abe et son partenaire du Nouveau Komeito (centre) obtiendraient au moins 71 sièges sur les 121 en jeu pour renouveler la moitié de la chambre haute, ce qui leur donnerait la majorité absolue de 130 sièges sur un total de 242.
Les deux partis, qui disposent déjà d’une majorité des deux tiers à la chambre basse, auront le cas échéant les mains libres pour mener leur politique. Abe avait déjà remporté les municipales il y a quelque semaines.
Le sénat est renouvelé par moitié tous les trois ans.
La participation à ce scrutin est toutefois plutôt faible, bien que la campagne ait pour la première fois été autorisée sur internet.
La principale formation d’opposition, le Parti Démocrate du Japon (PDJ, centre gauche), « apparaît laminée », commente Belga, « avec seulement 11 sièges, moins de la moitié de ceux qu’elle détenait avant ».
UNE SENATORIALE JAPONAISE SANS SURPRISE
Les Japonais ont donc voté ce dimanche pour renouveler le Sénat pour moitié et ont, sans surprise, soutenu la politique économique de relance du Premier ministre Shinzo Abe, dont les convictions nationalistes inquiètent les voisins du Japon.
La moitié des 242 sièges de sénateurs étaient en jeu lors de ce scrutin où le Parti Libéral-Démocrate (PLD, droite), présidé par M. Abe, avait dès le départ toutes les chances d’enlever la majorité d’une chambre haute actuellement dominée par une opposition divisée.
D’après l’ensemble des sondages, le PLD était assuré de l’emporter largement, porté par les quelque 60% d’opinions favorables dont est crédité le gouvernement de M. Abe revenu au pouvoir depuis sept mois.
La principale force d’opposition, le Parti Démocrate du Japon (PDJ, centre-gauche), a subi une nouvelle lourde défaite après celle de décembre dernier aux législatives. Au pouvoir de 2009 à 2012, le PDJ a alors rendu les rênes au PLD qui a gouverné le Japon quasiment sans interruption de la fin des années 1950 à 2009.
UNE LEGITIMATION DE LA POLITIQUE DE ABE ET DE SES « ABENOMICS »
Avec sa victoire, M. Abe dispose d’un horizon de trois ans sans élection nationale. Il a souligné que l’enjeu de cette élection était de « garantir la stabilité politique » du Japon après sept années marquées par des changements incessants de gouvernement. Le Premier ministre « jouira de surcroît d’une légitimité renforcée pour poursuivre sa politique de relance économique, surnommée « Abenomics », qui a entretenu sa popularité et attiré l’attention à l’étranger », analyse l’AFP.
« Nous sommes au seuil de la reprise économique », a assuré M. Abe au moment où les indicateurs témoignent d’un frémissement de l’activité – bien que les analystes divergent sur le rôle joué dans cette embellie par des « Abenomics » tout juste mis en place.
« Pour doper la troisième puissance économique mondiale qui veut se relancer après le séisme, le tsunami et la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011, le chef du gouvernement a engagé des dépenses budgétaires pour financer des grands travaux et poussé la Banque du Japon à injecter des liquidités abondantes dans les circuits ».
La troisième « flèche » de sa politique, « censée élever le potentiel de croissance du pays, pourrait comporter une restructuration du secteur agricole, des dérégulations massives et des changements des règles du marché du travail, autant de changements qui inquiètent le centre et la gauche ».
LA REVANCHE DE ABE : UN POLITICIEN DOMINATEUR ET SUR DE LUI …
Effacé le piteux échec de 2007: en enlevant dimanche le Sénat, le Premier ministre libéral-nationaliste japonais Shinzo Abe est armé pour concrétiser ses ambitions pour le Japon. Et elles sont nombreuses. A 58 ans, celui qui avait déjà été chef du gouvernement de septembre 2006 à septembre 2007 en promettant un « beau Japon » a désormais les mains libres pour « rétablir un Japon fort, prospère, où les gens pourront se sentir heureux d’être Japonais ».
« Reconstruction + relance économique + réforme de l’éducation + redressement de la diplomatie + retour de la sécurité = nouveau Japon », promet Shinzo Abe qui est aussi le président du Parti Libéral-Démocrate (PLD, droite).
Dès son retour aux affaires en décembre dernier, ce petit-fils d’un ex-Premier ministre et fils d’un ex-ministre des Affaires étrangères s’est immédiatement employé à rassurer ses concitoyens sur leur bien-être économique et face aux menaces régionales.
Sept mois plus tard, il jouit toujours d’une popularité exceptionnelle (plus de 60%) grâce aux effets économiques et psychologiques d’une politique clairement exposée et assumée, à rebours de la rigueur prônée ailleurs.
« Les Japonais, qui attendent d’un gouvernement qu’il dirige fermement, ont de nouveau l’impression qu’il y a un homme aux commandes pour décider et les défendre. Quant à ceux qui ne l’aiment pas, ils n’ont plus de porte-parole, l’opposition s’étant quasiment volatilisée », analyse l’AFP.
Lorsqu’il avait succédé à l’extraverti Junichiro Koizumi (2001-2006), Shinzo Abe avait réalisé un doublé: plus jeune Premier ministre de l’après-guerre et premier né après le conflit mondial qui s’était terminé par la capitulation du Japon.
Mais son mandat avait été gâché par une série de scandales et des problèmes de santé. Mal à l’aise il y a six ans, il avait perdu le Sénat. »C’est par ma faute que le Parlement est devenu bancal », avec une chambre penchant dans un sens, et l’autre à l’inverse, a-t-il rappelé récemment, appelant les électeurs à réparer cet accident de parcours.
Retiré de la scène pendant plusieurs années, M. Abe a mis à profit sa traversée du désert pour changer de coiffure et se muer en personnage sûr de lui, combatif, avenant et ultra-dynamique. Marié à la fille d’un riche homme d’affaires, M. Abe, qui n’a pas d’enfant, s’est rapproché des jeunes en exploitant les médias en ligne mieux que d’autres politiciens et en rendant pour la première fois possible la campagne sur internet, ce qui lui a sans doute plus profité qu’à ses rivaux.
A peine revenu à la tête du pays, il a très vite puisé dans les coffres de l’Etat pour donner un coup de pouce à l’activité, et mis au pas la banque centrale (BoJ) en nommant un nouveau gouverneur pour qu’elle ouvre les vannes monétaires afin d’en finir avec la déflation.
Vis-à-vis des milieux d’affaires, qui saluent la forte baisse du yen résultant de cette politique appelée « Abenomics », M. Abe se pose en chef qui défendra l’autonomie énergétique du Japon quitte à devoir assumer des choix impopulaires, comme la remise en exploitation de réacteurs atomiques. Le discours anti-nucléaire de tous les partis d’opposition n’a pas fait recette.
… MAIS AUSSI UN NATIONALISME OMBRAGEUX QUI INQUIETE TOUS SES VOISINS
Les opposants de M. Abe redoutent aussi qu’après sa victoire annoncée, ce nationaliste ombrageux ne remette sur le métier ses priorités diplomatique et militaire, au risque de froisser la Chine et la Corée du Sud voisines. Sans oublier la Russie, avec le contentieux des Iles Kourilles.
Ce nationaliste, qui avait bâti un pan de sa réputation sur sa fermeté à l’égard de la Corée du Nord, jure cette fois qu’il ne pliera pas face aux Chinois, notamment à propos d’îles de mer de Chine orientale administrées par le Japon sous le nom de Senkaku, mais revendiquées par Pékin sous la dénomination Diaoyu.
Après avoir augmenté le budget militaire du Japon pour la première fois depuis onze ans, M. Abe a ainsi annoncé vouloir amender la constitution pacifiste imposée au pays par l’occupant américain après la capitulation nippone de 1945.
L’une des obsessions de ce politicien classé très à droite est de réviser cette Constitution pacifiste rédigée et imposée en 1947 par les Etats-Unis, texte qu’il estime inadapté à la situation mondiale actuelle.
Après avoir rebaptisé « l’agence » de Défense – la mini Armée autorisée par la constitution made in USA de 1946 – en véritable « ministère » lors de son premier passage à la Primature, il a promis cette fois de renommer les « Forces d’auto-défense » de l’archipel en « armée de défense nationale ».
LA NOUVELLE ASCENSION MILITAIRE DU JAPON
« Le Japon est fameux pour sa puissance économique et ses prouesses technologiques. Son armée est moins connue. Pourtant le budget militaire japonais est l’un des plus importants du monde (…) Défait à l’issue de la Seconde guerre mondiale, démilitarisé par les Américains, il a néanmoins reconstitué avec le soutien et l’aide des Etats-Unis, qui d’ennemis sont devenus le principal allié, une armée puissante et à la pointe de la technologie. Pourtant la constitution lui interdit un potentiel offensif et une véritable armée. Mais avec subtilité, les Japonais ont créé des forces d’auto-défense dans les années 1950 qui sont devenus de vraies forces militaires. A partir des années 1990, il a même commencé à déployer ses soldats à l’étranger, notamment pour des opérations de maintien de la paix », analysait Technip.
Derrière la victoire de Abe, il y a aussi la remilitarisation du Japon, « de ce réarmement japonais et ces problématiques très actuelles », alors que le Japon et les Etats-Unis ont célèbré en 2010 le cinquantenaire du traité de sécurité américano-japonais.
Dans un Japon où se répand aussi une vision négationniste de l’Histoire des Années 1920-45 – le temps du Grand-Japon impérial et expansionniste, notamment en Chine et en Corée -, la victoire électorale de Abe est un blanc-seing à une vision dangereuse du futur du Japon.
KH & LM
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