PCN-SPO/ 2016 01 14/
« on pourrait résumer ainsi les grands axes de notre combat : nous défendons la Cause des Peuples dans le monde, agressés par l’impérialisme, le colonialisme et le néocolonialisme. Nous luttons contre l’impérialisme et l’exploitation d’ou qu’elles viennent. Nous sommes pour une société communautaire, solidaire, de type socialiste, où règne la solidarité. Nous refusons le Darwinisme social, l’exploitation, le capitalisme, ou encore l’ultra-libéralisme qui domine aujourd’hui la globalisation américanisée » (LM)
LUC MICHEL :
ENTRETIEN AVEC ‘HORIZONS NOUVEAUX MAGAZINE’ – 2e PARTIE (HNM #49 / 23 FEVR. 2015) / ANALYSES POUR L’AFRIQUE ET LE MONDE
Luc MICHEL :
NECESSITE DE L’AXE GEOPOLITIQUE EURASIE-AFRIQUE ».
LA DOUBLE LIBERATION ET UNIFICATION DE L’AFRIQUE ET DE L’EURASIE.
UNE NOUVELLE THEORIE DE L’IMPERIALISME.
« (extrait) Notre Ecole géopolitique a donc développé depuis les années 60 une autre théorie de l’impérialisme qui prend en compte la question ouest -européenne et qui prône donc non plus une tricontinentale mais un « front quadricontinental » contre l’impérialisme et l’exploitation. Nous avions d’ailleurs introduit cette théorie dans les années 90 en Libye et Mouammar Kadhafi définissait la Libye comme un pont entre l’unification africaine et l’unification européenne, les deux devant se dégager ensemble de l’impérialisme américain, et c’est à nouveau notre conception, la Méditerranée servant de point de rencontre et de « Mare nostrum » (comme au temps des romains) entre les unifications panafricaine et paneuropéenne agissant en symbiose. La destruction de la Jamahiriya libyenne et la sujestion de l’Union Européenne maintenant complètement vassalisée aux États-Unis via l’OTAN (qui n’est pas le « bouclier de l’Europe » mais son harnais) n’ont pas du tout rendu cette théorie obsolète, elle est toujours valable pour les rapports futurs entre l’Eurasie et l’Afrique. »
Luc MICHEL :
DES ANNEES DECISIVES.
DE LA NECESSITE DE LA LUTTE QUADRICONTINENTALE.
« (extrait 2) Il y a en géopolitique comme en politique des “années décisives” (selon les termes de Spengler). Nous sommes entrés dans une décennie décisive. C’est la volonté de Washington d’engager un cycle historique dont le but est de faire du « 21e siècle un nouveau siècle américain ». Selon les termes mêmes, et identiques, de tous les géopolitologues et idéologues américains, que ce soit Georges Friedman de STRATFOR (dans son LES CENT PROCHAINES ANNEES) ou les Neocons (dans la ligne du manifeste du PNAC, le « Project for a New American Century ») de retour sur le devant de la scène. La machine américaine s’est donc lancée dans une logique de confrontation avec ses deux grands ennemis désignés : Russie et Chine. Et dans le même mouvement une vague de changements de régime a été planifiée, en Eurasie et en Afrique, via la machinerie bien réglée des « révolutions de couleur » … Des jours sombres s’annoncent sur le monde, singulièrement en Afrique et en Eurasie. Ne refusons pas de les voir ! (…) Notre Cause est juste, c’est celle de l’honneur et de la liberté des peuples face à la Nouvelle Carthage capitaliste yankee ! Mais nous ne vaincrons qu’unis, sur les quatre continents. Refusons donc ce qui divise, ce qui sépare, la xénophobie, les racismes, les petits-nationalismes séparateurs, les querelles dépassées du passé. Car la division ethnique, religieuse, culturelle ou nationale est l’arme privilégiée de l’impérialisme. Le temps nous est partout compté. Une décennie décisive dit-on à Washington. Ne sous-estimons pas l’ennemi, il progresse partout, fort de nos faiblesses, fort de notre désunion, fort de nos atermoiements. Sa « doctrine de Monroe » il l’a proclamée il y a deux siècles déjà, son unité économique, financière et politique, il l’a faite il y a 150 ans déjà. Ce sont ses flottes, ses armées, ses bases, ses alliances politico-militaires qui dominent le monde. Le temps est venu de penser l’unité, d’opposer un front uni. Le temps est arrivé de cesser de regarder le passé et de penser et d’organiser le futur. Il en va de notre liberté … »
Luc MICHEL :
MON PROJET GEOPOLITIQUE EST UN PROJET INTEGRE A LA FOIS EURASIATIQUE ET AFRICAIN, ARTICULE SUR UN « AXE EURASIE-AFRIQUE ».
« (extrait 3) A la base de notre réflexion, il y a d’une part un axe géopolitique et d’autre part un axe idéologique. Tout d’abord l’axe géopolitique. Nous pensons que la géopolitique est la base d’une véritable réflexion pour l’action politique lorsque l’on entend la mener au niveau transnational et international. Nous envisageons la géopolitique comme une science et la véritable manière de voir le monde, de lire l’actualité, mais aussi de lire le passé. On ne peut pas comprendre la géopolitique si on ne maîtrise pas l’histoire. Ensuite la géopolitique n’existe pas dans le vide, mais vue de quelque part et défendant les intérêts d’un état ou d’un projet d’état. La géopolitique est une science dont le fondement, et on l’oublie trop souvent, c’est la puissance des états, leurs viabilité et leurs rapports de force. Il y a donc une géopolitique vue de Washington, une vue de Moscou, une autre de Pékin, ou encore d’Afrique. La nôtre est une géopolitique vue de Moscou, mais du futur de Moscou, parce que nous pensons que la Russie est le coeur de la résistance à l’impérialisme mondial et parce que aussi notre projet est un projet intégré à la fois eurasiatique et africain, articulé sur un « Axe Eurasie-Afrique » La géopolitique telle que nous l’appréhendons repose également sur la maxime du grand géopoliticien allemand, le général Karl Haushofer : il disait que « c’est un honneur de se faire enseigner par l’ennemi ». C’est ce que nous faisons. Ma réflexion géopolitique se base aussi sur une lecture quotidienne des géopoliticiens américains, de leur manière de voir le monde et de leur façon de concevoir le projet impérialiste américain dans le monde. »
Luc MICHEL :
MES CONCEPTS GEOPOLITIQUES.
DE « L’EMPIRE EURO-SOVIETQUE » A MON « AXE EURASIE-AFRIQUE ».
« (extrait 4) Au début des années 80, nous animions l’ « Ecole euro-soviétique de géopolitique ». Nous voulions une « Grande-Europe de Vladivostok à Reikjavik » (en Islande, donc sur l’Atlantique), organisée autour de Moscou comme capitale et s’opposant à l’hégémonie atlantique de la grande puissance maritime que sont les USA, héritière de l’impérialisme anglo-saxon britannique. C’est cette idée qui est la base de l’Eurasisme actuel, tel qu’il existe en Russie. C’est un enfant naturel de notre théorie qui a été conçue au début des années 80.
Nous avons depuis élargi notre vision, tout simplement parce que la caractéristique de la géopolitique c’est que la nécessité pour un état de rester indépendant requiert des dimensions de plus en plus grandes. Il y a actuellement un grand bloc atlantiste qui est en voie d’intégration, avec les USA, le canada, Israël, qui vise à englober le Mexique et l’Amérique centrale, qui s’étend côté pacifique vers l’Australie. Et qui aimerait englober la partie occidentale de l’Europe. Face a cela, il faut une masse, un bloc continental extrêmement puissant, de plus en plus puissant. Et nous pensons que vers 2050, parce que notre géopolitique regarde l’avenir et pas le passé, la dimension pour un véritable bloc géopolitique auto-centré et indépendant nécessitera un grand bloc incluant l’Eurasie et l’Afrique, centré sur la Méditerranée. C’est ce que nous appelons l’ « Axe Eurasie-Afrique ». Bien entendu avec une égalité totale des partenaires, et aussi une égalité des citoyens de ce bloc, c’est-à-dire il n’est pas question évidement (comme le craignent certains de mes lecteurs) d’importer un néo-colonialisme eurasiatique en Afrique. Lorsque nous entendons un axe, nous parlons d’un axe égalitaire, le but étant de parvenir un jour à un ensemble unique avec une citoyenneté unique. »
* Première partie sur :
LUC MICHEL : ENTRETIEN AVEC ‘HORIZONS NOUVEAUX MAGAZINE’ (HNM #48 / 12 JANV. 2015)
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