# EODE THINK TANK/ LA PRESIDENCE TRUMP (II) : QU’ANNONCE DEJA LA FUTURE POLITIQUE ENTRANGERE DE TRUMP ?

EODE TT - LM trump militariste II pol étrangère (2016 12 18) FR

Luc MICHEL pour EODE Think Tank/
GEOPOLITIQUE/ Avec AFP/ 2016 12 18/

« Certains disent que Trump n’a pas d’expérience en diplomatie ou en affaires militaires
(… ) mais en réalité, il a ses propres positions, et elles ne sont pas compatibles avec la logique fondamentale des relations sino-américaines »
– Le Quotidien du peuple (porte-voix du PCC).

« L’Amérique (…) est notre ennemi, nous n’avons aucun doute à ce sujet »
– Président iranien Rohani (discours à l’université de Téhéran).

Trump n’est pas encore installé à la Maison Blanche que déjà des confrontations majeures s’esquissent. Pékin et Téhéran clament leur colère contre Trump.
Que se passe-t-il ?
Luc MICHEL, géopoliticien et patron du Think Tank EODE, donnera les clés pour comprendre les confrontations qui s’annoncent avec la Chine et l’Iran …

I – VERS LA CONFRONTATION DIRECTE AVEC PEKIN

Donald Trump avait déjà suscité le mécontentement de Pékin après avoir reçu début novembre un appel téléphonique de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen, dont le parti est traditionnellement considéré comme favorable à l’indépendance de l’île.
Le président élu des Etats-Unis Donald Trump a menacé dimanche de ne plus reconnaître le principe de la « Chine unique », qui a conduit Washington à interrompre en 1979 ses relations diplomatiques avec Taïwan, si Pékin ne fait pas de concessions surtout en matière commerciale.
« Je ne veux pas que la Chine me dicte ce que je fais », a-t-il déclaré sur la chaîne Fox, défendant avec véhémence sa récente conversation téléphonique avec la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen.
Il a expliqué qu’il aurait été insultant de pas répondre à l’appel de Mme Tsai qui voulait le féliciter pour sa victoire.
« Je ne sais pas pourquoi nous devons être liés à une politique d’une Chine unique, à moins que nous passions un accord avec la Chine pour obtenir d’autres choses, y compris sur le commerce », a-t-il estimé.
Outre les questions commerciales, M. Trump a accusé la Chine de ne pas coopérer avec les Etats-Unis sur sa politique en matière de taux de change ainsi que sur les armements nucléaires ou encore sur les tensions dans la Mer de Chine méridionale, où Pékin renforce fortement sa présence militaire.
Concernant la menace présentée par les armes nucléaires de la Corée du Nord, le président élu a fait valoir que la Chine, le principal allié de Pyongyang, « pourrait résoudre ce problème ». Mais « ils (les Chinois) ne font rien pour nous aider », a-t-il lancé.
Pourtant la Chine a fin novembre voté en faveur de nouvelles sanctions, quand l’ONU a resserré l’étau des sanctions internationales autour de la Corée du Nord en plafonnant les exportations nord-coréennes de charbon vers la Chine.

L’EPICENTRE DU CONFLIT : LA MER DE CHINE

Le président élu Donald Trump a fait savoir son mécontentement après la saisie par Pékin d’une sonde de la marine américaine en mer de Chine méridionale, twittant un message avec une grosse faute qui a fait les délices des réseaux sociaux samedi.
« La Chine vole un drone de recherche de la marine américaine dans les eaux internationales – le sort de l’eau et le ramène en Chine dans un acte sans président » (sic), a-t-il écrit de bon matin sur le réseau social, en voulant clairement évoquer un acte « sans précédent ».
Dans la version anglaise le mot utilisé, « unpresidented » (au lieu de « unprecedented ») est très vite devenu le mot clé le plus en vogue sur Twitter aux Etats-Unis.
Le milliardaire populiste a corrigé son erreur en effaçant le tweet erroné et en le renvoyant, cette fois sans coquille, une heure après son message initial.
Au-delà de cette erreur, Donald Trump voulait en effet surtout souligner son mécontentement vis à vis de la Chine, dont un navire s’est emparé jeudi soir d’un drone sous-marin appartenant à la marine américaine, qui évoluait à quelque 50 milles marins au large des Philippines, selon le Pentagone.
La diplomatie chinoise a assuré samedi matin que la Chine et les Etats-Unis géraient « de façon appropriée » cet incident, utilisant notamment les « canaux militaires ».
Cet incident survient dans un contexte tendu entre la Chine et le futur président américain, qui doit entrer en fonctions le 20 janvier. Le milliardaire républicain a multiplié les déclarations contre Pékin, menaçant notamment de mettre un terme à la reconnaissance de la « Chine unique » en se rapprochant de Taïwan, ou encore accusant la Chine de manipuler son taux de change.

LA QUESTION (REDEVENUE BRULANTE) DE TAIWAN :
FIN DU CONCEPT CENTRAL DE « LA CHINE UNIQUE » ?

Un journal chinois a mis en garde lundi « l’ignorant » Donald Trump contre toute reconnaissance officielle de Taïwan, après des propos du président élu américain semblant vouloir s’affranchir du principe de la « Chine unique » qui régit les relations sino-américaines depuis 1979.
La Chine impose à tout pays voulant établir des relations diplomatiques avec elle la reconnaissance du principe de la « Chine unique ». En clair: il n’existe qu’un seul représentant officiel de la Chine, sous-entendu Pékin. Cette formulation empêche toute indépendance formelle de l’île de Taïwan, séparée politiquement du continent depuis 1949 et que Pékin souhaite réunifier au reste de la Chine.
Selon ce principe, les Etats-Unis ont coupé en 1979 leurs liens officiels avec les autorités taïwanaises, qu’ils considéraient jusqu’alors comme les représentantes officielles de la Chine, afin d’établir des relations avec la République populaire, à Pékin. Washington continue cependant de vendre des armes à Taïwan.
Donald Trump a menacé dimanche lors d’une interview avec la chaîne américaine Fox de remettre en cause ce principe. « Je ne sais pas pourquoi nous devrions être liés à une politique d’une Chine unique, à moins que nous passions un accord avec la Chine pour obtenir d’autres choses, y compris sur le commerce », a-t-il lancé.
« La politique de la Chine unique ne peut être négociée », a tancé lundi une tribune non signée publiée sur le site internet du quotidien nationaliste chinois Global Times, jugeant Donald Trump « aussi ignorant en diplomatie qu’un enfant ».
Si le prochain président américain soutient ouvertement l’indépendance de Taïwan et accroît les ventes d’armes à l’île, Pékin pourrait alors soutenir « des forces hostiles aux Etats-Unis », menace l’auteur de l’article.
« Pourquoi ne pourrions-nous pas les soutenir, ou leur vendre secrètement des armes? », menace-t-il.

LE LOBBY PRO-TAIWAN PROCHE DE TRUMP

L’appel avec Tsai Ing-wen a été le fruit de « longs mois de préparations et de délibérations » au sein de l’équipe du futur 45e président, assurait dès dimanche le Washington Post, citant différents conseillers proches du milliardaire.
La présidente de Taïwan « figurait très tôt dans la liste » des dirigeants étrangers à contacter, expliquait ainsi Stephen Yates, ex-responsable de la sécurité nationale, assurant que le prévisible courroux de Pékin avait été pris en compte et que Donald Trump était déterminé à tenir tête à la Chine.
Le président élu est d’ailleurs entouré de plusieurs fervents défenseurs de Taïwan soucieux d’intensifier la relation avec l’île, dont le futur secrétaire général de la Maison Blanche, Reince Priebus.
« Cet appel n’était pas un accident », abonde Trey McArver, analyste du China Politics Weekly, dans une note transmise à l’AFP. « Il est évident que les collaborateurs de Trump, à commencer par Priebus, ont eu des contacts répétés avec Tsai ces derniers mois et savaient exactement ce qu’ils faisaient ».

DEJA UNE POSITION TRES DURE DES CHINOIS EN REACTION

Contre les « gaffes » pas si involontaires de Trump, la Chine sort les griffes
Trump, qui a parlé avec la présidente de Taïwan selon son équipe, risque la colère de Pékin
Donald Trump fait fausse route s’il entend soumettre la Chine à sa vision « fantasmée », avertit la presse chinoise mardi, sortant les griffes à l’heure où les « gaffes » du futur président américain apparaissent comme les prémisses d’un éventuel changement stratégique.
« Les tweets de Trump camouflent sa véritable intention: traiter la Chine comme si c’était une pièce de mouton et en trancher une portion (…) Il veut piller d’autres pays pour assurer la prospérité des Etats-Unis », s’énerve le journal Global Times, proche du Parti communiste.
Après avoir accepté vendredi un appel de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen, le bouillant milliardaire avait accusé dimanche Pékin de « dévaluer » sa monnaie pour doper ses exportations, et de « bâtir un vaste complexe militaire en mer de Chine méridionale ».
Le gouvernement et les médias officiels chinois ont, dans un premier temps, largement ménagé Donald Trump, mettant ses sorties sur le compte de la simple « inexpérience » de celui dont Pékin avait semblé saluer la victoire.
Changement de ton mardi, où des avertissements très sévères sont adressés au magnat de l’immobilier: la presse s’alarme désormais de ses positions et l’accuse d’en sous-estimer les conséquences.
Un éditorial du Quotidien du peuple, porte-voix du Parti communiste, conseille de ne pas voir seulement dans les tweets incriminés « inexpérience » ou naïveté. « Certains disent que Trump n’a pas d’expérience en diplomatie ou en affaires militaires (… ) mais en réalité, il a ses propres positions », et le souci, c’est qu’elles « ne sont pas compatibles avec la logique fondamentale des relations sino-américaines », insiste-t-il.
A retardement, la presse chinoise semble prendre acte mardi du revirement stratégique à anticiper.
Ainsi, si le Global Times continue de s’insurger, dans sa version chinoise, contre les « provocations » d’un dirigeant « incapable de fermer sa bouche », il dénonce surtout dans un éditorial au vitriol les « intentions » cachées du président élu.
Il n’aura pas les moyens de « mettre en pratique ses tirades (…) Trump fait beaucoup de bruit mais il ne peut s’abstraire des règles du jeu des grandes puissances. Il n’a pas les ressources suffisantes pour manipuler la Chine à sa guise ».
Pékin « répliquera si les décisions de Trump affectent les intérêts chinois », avertit le quotidien au ton nationaliste, tout en pointant que les répercussions économiques d’une crise diplomatique « n’aideraient guère à +rendre sa grandeur à l’Amérique+ ».
Le milliardaire populiste avait déjà multiplié durant sa campagne les diatribes contre le géant asiatique et sa politique commerciale, promettant d’imposer des droits de douane prohibitifs de 45% sur les importations chinoises.

De son côté, le quotidien étatique China Daily enjoint à ce « bleu en diplomatie » de prendre un cours accéléré en realpolitik.
« Trump peut bien mépriser le personnel diplomatique traditionnel de Washington, mais il devrait d’abord maîtriser la réalité des relations internationales, non pas seulement une vision fantasmée, avant de manier le scalpel », souligne-t-il.
A en croire le China Daily, si le régime communiste réagit pour le moment avec modération aux « ballons d’essai » de Donald Trump, cela pourrait ne pas durer.
« En tant que président élu, Trump peut tabler sur une certaine indulgence quand il s’exprime. Il en sera autrement quand il sera président », au risque de « coûteuses complications » pour les Etats-Unis, avertit le journal.

II – RETOUR A LA GUERRE FROIDE AVEC TEHERAN ?

L’Iran répète que Washington a « violé » ses engagements, promet « une réaction très dure »
Le président Hassan Rohani a accusé mardi les Etats-Unis d’avoir « violé » leurs engagements et a promis « une réaction très dure » de Téhéran, répétant ce que martèlent tous les dirigeants iraniens depuis le renouvellement ces dernières semaines de sanctions américaines pour dix ans.
Les Etats-Unis devront « faire face à notre réaction très dure » à cette « violation », a prévenu le président Rohani dans un discours à l’université de Téhéran.
« L’Amérique (…) est notre ennemi, nous n’avons aucun doute à ce sujet », a-t-il affirmé.
« N’en doutez pas, les Américains veulent nous mettre autant de pression que possible: nous devons résister et trouver une solution et nous y parviendrons », a-t-il ajouté.
Il y a « un consensus » en Iran à ce sujet, « il n’y a aucune différence d’opinion entre le gouvernement, le Majlis (Parlement) et le guide » suprême, Ali Khamenei, selon le président Rohani.
Le président du Parlement, Ali Larijani, a estimé lors d’une conférence de presse à Téhéran, que « certaines sections » de l’accord nucléaire « auraient dû être écrites avec plus de précision pour éviter des interprétations divergentes » entre les parties prenantes.
Il préconisé « le dépôt d’une plainte concernant la violation » de l’accord par les Américains auprès d’un comité conjoint des signataires du texte.
Cette question de « la violation » américaine et de la riposte iranienne doit être discutée lors d’une rencontre mercredi entre le président Rohani et d’autres hauts dirigeants iraniens.
Le Sénat américain vient de voter par 99 voix contre 0 la prolongation pour dix ans de sanctions qui ne sont pas liées à l’accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 entre l’Iran et six grandes puissances, dont les Etats-Unis. La Chambre des représentants avait déjà voté en novembre une telle prolongation et le texte doit à présent être signé par Barack Obama.
Le régime actuel de sanctions, renouvelé tous les 10 ans depuis 1996, devait s’achever à la fin de cette année.
Les Etats-Unis ont suspendu les sanctions anti-iraniennes liées au nucléaire, mais en imposent d’autres liées selon Washington au non-respect des droits de l’Homme par Téhéran, à son soutien au « terrorisme » et à son programme de missiles balistiques.
Les dirigeants iraniens estiment que le renouvellement des sanctions américaines va à l’encontre de l’esprit de l’accord, par lequel Téhéran a limité son programme nucléaire en échange d’une levée partielle de sanctions imposées par les Etats-Unis et d’autres pays.

Les sanctions américaines pénalisent le secteur bancaire iranien ainsi que les industries de l’énergie et la défense. De ce fait, les retombées économiques de l’accord nucléaire ont été beaucoup moins prometteuses qu’espéré par l’Iran.

III – UN SOUTIEN ENCORE PLUS INCONDITIONNEL A ISRAEL !

La volonté de Trump de déplacer l’ambassade américaine à Jérusalem « détruirait » le processus de paix
Un haut responsable palestinien a mis en garde vendredi le président américain élu Donald Trump contre sa volonté de vouloir déplacer l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem, soulignant qu’une telle décision détruirait le processus de paix avec Israël.
Le statut de Jérusalem doit être négocié entre Israéliens et Palestiniens, et prendre une décision aujourd’hui « serait une destruction du processus de paix », a affirmé à des journalistes le secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) Saëb Erekat.
La question du statut de cette ville sainte est l’une des plus épineuses pour un éventuel règlement du conflit. Israël proclame tout Jérusalem comme sa capitale indivisible, y compris Jérusalem-Est, la partie majoritairement palestinienne de la ville, que l’Etat hébreu occupe depuis 1967 et qu’il a depuis annexée. L’annexion est considérée illégale par l’ONU. Les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.
M. Trump a annoncé jeudi la nomination comme ambassadeur en Israël de David Friedman, un avocat partisan de la colonisation et qui a dit avoir hâte de remplir sa mission « dans la capitale éternelle d’Israël, Jérusalem ».
Par ces termes, M. Friedman reprend une promesse de campagne du républicain, qui a assuré que les Etats-Unis reconnaîtraient Jérusalem comme la capitale d’Israël et y installeraient leur ambassade s’il devenait président.
Washington, ainsi que la majorité de la communauté internationale, ne reconnaît pas Jérusalem comme la capitale d’Israël et maintient son ambassade à Tel-Aviv.
L’ONU et une grande partie de la communauté internationale considèrent par ailleurs toutes les implantations israéliennes dans les territoires palestiniens occupés comme illégales.
La nomination de M. Friedman a été saluée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et des membres de son gouvernement de droite.
« Je m’adresse droit dans les yeux à David Friedman et Trump: si vous mettiez à exécution le déplacement de l’ambassade et l’annexion des colonies en Cisjordanie, vous seriez en train d’entraîner la région dans une situation de chaos, de non-droit et d’extrémisme », a affirmé M. Erekat.
Mais « les Etats-Unis sont un pays avec des institutions et ils sont guidés par leurs intérêts nationaux », a-t-il ajouté, affirmant qu’il ne « pensait pas » qu’ils déplaceraient leur ambassade.

LUC MICHEL / EODE THINK TANK

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