Luc MICHEL/ 2017 04 15/
GEOPOLITIQUE/
« Dimanche, la Turquie décide quel pays elle veut devenir, rester une république laïque parlementaire ou adopter un système présidentiel, dominé par un seul homme et un parti aspirant à une société religieuse et conservatrice. Le vieux rêve d’Erdogan … »
– AFP (ce 14 avril).
La Turquie se prononce dimanche sur le renforcement des pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan lors d’un référendum crucial dont l’issue pourrait remodeler le système politique du pays et redéfinir ses relations avec l’Europe. L’enjeu, ni expliqué ni débattu pas plus à Bruxelles qu’à Moscou, est géopolitique !
Les Erdogan passeront.
Les petits nains politiques du Club chrétien de Bruxelles (1), vassaux soumis des USA et de l’OTAN, passeront.
Mais le destin géopolitique et historique des peuples du continent, de Vladivostok à Reykjavik, restera un. Rome – Constantinople/Istanbul et Moscou dans un Etat-Continent ! (2) (3) (4)
Mais les rêveries néo-ottomanes (mâtinées de Pantouranisme) (5) d’Erdogan et de son AKP, soigneusement agitées par Washington, risquent de sérieusement contrarier notre destin eurasiatique continental …
Le fait que le référendum turc (fait géopolitique majeur) ait lieu à quelques jours de la présidentielle française (épiphénomène du parlementarisme petit-bourgeois occidental, quelle qu’ importance que se donnent à tord le « club des onze » de la particratie française) révèle combien les jeux du parlementarisme sont éloignés des enjeux véritables (géopolitiques) qui engagent le destin de nos peuples.
LM
(1) Ironie de l’histoire, alors que Bruxelles a toujours rejeté la Turquie kémaliste et laïque, au destin européen assumé, elle a tissé une alliance politique étroite avec Erdogan. Précisément entre les islamo-conservateurs néo-ottoman de l’AKP (proche des Frères Musulmans) et la Démocratie-chrétienne pilier fondateur de l’UE. L’AKP est en effet membre observateur … du PPE, le « Parti populaire européen » qui unit les partis démocrates-chrétiens de l’UE (CDU-CSU, CDH et CDNV belges, etc) ! Angela Merkel a qualifié le lien entre l’Allemagne et la Turquie de « spécial », malgré les récentes tensions entre les deux pays. « Ce qui rend la relation germano-turque si spéciale est que plus de 3 millions de personnes d’origine turque vivent en Allemagne », a-t-elle précisé au groupe médiatique REDAKTIONSNETZWERK DEUTSCHLAND. Binationaux (l’électorat étant cadenassé par le contrôle des associations turques exercé par l’AKP en alliance avec les « Loups gris » d’extrême-droite), ils y votent et sont un enjeu de politique intérieure. La situation est la même en Belgique, singulièrement en région de Bruxelles-Capitale …
(2) J’ai publié en décembre 2006 la première version de mes « Thèses géopolitiques sur la ‘Seconde Europe’ unifiée par Moscou ». Analyse révolutionnaire qui renouvelait la vision géopolitique, mais aussi idéologique, des rapports Est-Ouest entre la Russie et ses alliés, et aussi la vision de la nature géopolitique de l’Union Européenne. Idée centrale, idée-force : L’Europe ne se limite pas à l’Union européenne ! Ni même aux états qui lui sont maintenant associés, comme la Moldavie ou la Serbie. La Russie, qui a retrouvé son indépendance avec Vladimir Poutine est aussi l’Europe ! Une SECONDE EUROPE, une AUTRE EUROPE eurasiatique se dresse désormais à Moscou face à l’Europe atlantiste de Bruxelles. Depuis il y a eu le « Discours de Valdai » de Poutine lui-même …
Cette analyse se situe directement dans la perspective des thèses et des analyses développées entre 1982 et 1991 par les théoriciens de l’« Ecole de Géopolitique euro-soviétique » (Thiriart-Cuadrado Costa-Luc Michel) – d’où est aussi issu après 1991 le « néo-Eurasisme russe » (avec bien des déviations) – , qui prônait une unification européenne d’Est en Ouest. Une Grande-Europe de Vladivostok à Reykjavik, déjà autour de Moscou. Mes Thèses de 2006 actualisent les analyses « euro-soviétiques » après la disparition de l’URSS. Dès 1983, j’affirmais « La Russie c’est aussi l’Europe »…
Ce long détour pour faire comprendre que le projet eurasiste (ou Grande-Europe de Vladivostok à Reykjavik) et l’UE (petite-europe de Bruxelles et Berlin) sont deux visions antagonistes de l’avenir du continent eurasiatique. L’UE représentant par sa sujétion aux USA va l’OTAN la trahison même du projet européiste. Aujourd’hui en 2016, on ne peut plus être à la fois partisan de l’UE et soutenir le projet néoeurasien de Moscou.
(3) Cfr. Luc MICHEL, EODE THINK TANK/ GEOPOLITIQUE / THESES SUR LA « SECONDE EUROPE » UNIFIEE PAR MOSCOU.
(4) Voir sur EODE-TV :
EODE-TV & AFRIQUE MEDIA/ LE GRAND JEU (3) : POUTINE A VALDAI DECRYPTE
Coproduction Luc MICHEL – EODE-TV – Afrique Media.
Luc MICHEL, décrypte la façon dont le Président russe Poutine conçoit la Géopolitique mondiale vue d’Eurasie. Il nous explique aussi d’où viennent les concepts géopolitiques derrière la vision russe du Monde et ses implications. Il aborder ce dossier au travers du grand discours de géopolitique que le Président Poutine a livré au Club Valdai, à Sotchi, ce 25 octobre 2014 …
(5) Contrairemant à ce qu’avancent les eurasistes russes de droite, le Pantouranisme n’est pas une version turque de l’Eurasisme, mais un projet géopolitique opposé, celui d’un empire turc en Asie centrale et au Caucase qui empêcherait par son existence même toute unification eurasiatique. Le combat d’Enver Pacha perdu contre les bolchéviques qui entendaient restaurer de facto l’empire russe (selon la vision de Staline qui annonce déjà la « Troisième Rome nationale-bolchévique » de la fin des Années 20) s’inscrit dans l’opposition fondamentale entre les deux projets géopolitiques. Les rêveries ésotériques et mystiques orientales, dont les eurasistes russes de droite ont encombré la géopolitique néo-eurasiste, celle de Thiriart, expliquent cette incompréhension fondamentale du Pantouranisme.
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