#LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ L’ACTUALITE QUI CONFIRME L’ANALYSE : ‘LES PLAIES TOUJOURS BEANTES DE LA GUERRE AMERICANO-MEXICAINE’ (1846-1848) DANS LA MEMOIRE COLLECTIVE MEXICAINE (LA NOUVELLE GEOPOLITIQUE DU MEXIQUE III)

ART.COMPL.GEOPOL - Mexique III    (2018 07 06) FR (1)

LM DAILY / 2018 07 07/

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE

Trump aura réussi un exploit. En quelques mois, il a conduit le Mexique à renoncer à la logique d’intégration continentale nord-américaine de l’ALENA. Et à faire élire un président populiste de gauche pro-russe : Andrés Manuel López Obrador.

En réveillant la mémoire collective populaire mexicaine du grand « rapt yankee » des provinces mexicaines par les USA au XIXe siècle, épopée usurpée dans l’historiographie US (« l’esprit d’Alamo ») mais « viol collectif national » dans les esprits au-delà du Rio Grande. Ceci d’autant plus que le contentieux géopolitique entre Washington et Mexico est lourd : vol et annexion du Texas, de la Californie, de l’Utah, du Nebraska, de la partie ouest du Colorado, du Nouveau Mexique …

# REVUE DE PRESSE/

« LES PLAIES TOUJOURS BEANTES DE LA GUERRE AMERICANO-MEXICAINE »

(PHEBE, ‘LE POINT’, PARIS, 2 JUILLET 2018)

Une analyse parue dans Phébé, la veille d’idées internationale créée par « Le Point » :

Extrait :

« La belle épopée racontée aux États-Unis cache un conflit terrible, douloureux souvenir pour le Mexique (…) Le candidat Andrés Manuel López Obrador a remporté, dimanche 1er juillet, l’élection présidentielle mexicaine. L’incontinence verbale de Donald Trump à l’encontre des Mexicains est connue : en ligne de mire du président des États-Unis, les migrants qui, selon lui, volent le travail des Américains, mais aussi l’Accord de libre-échange nord-américain, qui déplacerait vers le Sud des emplois destinés aux Américains. Ces critiques rappellent inévitablement les nombreux abus et spoliations infligés par les États-Unis au Mexique. Dans ce contexte, l’ouvrage de Peter Guardino The Dead March donne des clés nouvelles pour comprendre les liens qui ont uni les deux pays au cours d’une période critique : la guerre USA-Mexique … » (1)

# LE LIVRE QUI EXPLIQUE TOUT :

« THE DEAD MARCH: A HISTORY OF THE MEXICAN-AMERICAN WAR”

(PETER GUARDINO, 2017, HARVARD UNIVERSITY PRESS)

En se concentrant sur les expériences des Mexicains et des Américains ordinaires, The ‘Dead March’ offre une vision historique plus claire que celle de la guerre brève et sanglante qui a redessiné la carte de l’Amérique du Nord. Comme l’explique l’éditeur, « Peter Guardino invite au scepticisme quant à l’opinion reçue selon laquelle les États-Unis sont sortis victorieux de la guerre américano-mexicaine (1846-1848) parce que son système démocratique était plus stable et ses citoyens plus loyaux. En fait, à l’approche de la guerre, les forces américaines ont sous-estimé de façon dramatique la force du patriotisme des Mexicains et n’ont pas su voir avec quelle amertume les Mexicains étaient mécontents des prétentions américaines à la supériorité nationale et raciale. Ayant considéré les États-Unis comme une république soeur, les Mexicains ont été choqués par la portée des ambitions expansionnistes américaines, et leur résistance farouche a surpris les dirigeants politiques et militaires américains, qui s’attendaient à une victoire rapide avec peu de pertes. Au fur et à mesure que les combats s’intensifiaient au cours des deux dernières années, il a coûté la vie à des milliers d’Américains et à au moins deux fois plus de Mexicains, y compris de nombreux civils ».

Guardino explique sans fard que seule la logique du profit (les USA sont une thalassocratie marchande, la « nouvelle Carthage ») (2) guidait Washington : « Aussi sombres soient-ils, les idées fausses que la guerre américano-mexicaine a mises à nu des deux côtés n’ont pas déterminé le vainqueur final. Ce qui différenciait les deux pays n’était pas la notion d’unité américaine et de loyauté à la démocratie, mais les énormes avantages des États-Unis en matière de pouvoir économique et de richesse que leur voisin latino-américain, plus pauvre, ne pouvait espérer surmonter ».

DU CHANGEMENT DE POPULATION AU PROFIT DES USA AU XIXe SIECLE A LA THEORIE DU « GRAND REMPLACEMENT DE POLULATION » (HUNTIGNTON, FRIEDMAN, TRUMP ET CIE) ;;;

Derrière le racisme anti-latino, focalisé largement sur les Mexicains, qui porte la politique des Trump, Mercer, Breitbart ou Bannon, il y a une peur. Celle de la théorie dite « du grand remplacement de population » (Samuel Huntington) (3).

Le géopolitologue Georges Friedman (ex patron du think tank ‘Stratfor’, maintenant éditeur de ‘Geopolitical Futures’) résume dans son livre « THE NEXT 100 YEARS, A forecast for the 2st century » la Théorie dite du « Grand remplacement de population » de Samuel Huntington :

« Dans les années 2070, les Mexicains et les populations d’origine mexicaine constitueront la population dominante le long d’une ligne longeant la frontière américano-mexicaine à plus de deux cents milles de la Californie, de l’Arizona, du Nouveau-Mexique et du Texas et de vastes régions de la Cession mexicaine (Ndla : les provinces du Nord du Mexique volées par les USA au XIXe siècle). La région ne se comportera pas comme les autres zones d’immigration. Au contraire, comme cela se produit dans les régions frontalières, elle sera culturellement – et à bien des égards, économiquement – un processus vers le nord. Une extension du Mexique. Dans tous les sens, mais légalement, la frontière aura déménagé vers le nord ».

La haine anti-Latinos – qui dissimule en fait une peur immense, comme toutes les haines du même genre – des Trump, Mercer, Breitbart, Bannon et cie n’a pas d’autre base. S’y ajoutent les fantasmes issus des romans ultra-nationalistes de Tom Clancy (danger mexicain, alliance des djihadistes avec les cartels mexicains, alliance Iran-Mexique, etc).

Mais derrière ce phantasme (4), il y a une réalité : le grand remplacement de population, fait historique bien réel, qui a vu dans la seconde moitié du XIXe siècle et les débuts du XXe les WASP yankee remplacer les latinos mexicains après la conquête des provinces volées du nord mexicain (Texas, Californie, Utah, Nebraska, partie du Colorado, Nouveau Mexique). C’est ce qu’explique bien «’The Dead March’ … La peur fantasmée de ces mêmes WASP aujourd’hui, celle de voir la conquête inversée, est celle d’un peuple coupable, qui connaît trop bien les turpitudes de son histoire …

# LE DOSSIER « MEXIQUE VS USA » DE REFERENCE SUR ‘LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY’ :

* LA NOUVELLE GEOPOLITIQUE DU MEXIQUE (I) :

LE NOUVEAU PRESIDENT PRO-RUSSE LÓPEZ OBRADOR VA-T-IL IMPOSER UN TOURNANT GEOPOLITIQUE A MEXICO ?

sur https://www.lucmichel.net/2018/07/03/luc-michels-geopolitical-daily-la-nouvelle-geopolitique-du-mexique-i-le-nouveau-president-pro-russe-lopez-obrador-va-t-il-imposer-un-tournant-geopolitique-a-mexico/

* LA NOUVELLE GEOPOLITIQUE DU MEXIQUE (II) :

COMMENT MOSCOU S’EST INVITEE DANS LA CONFRONTATION ENTRE WASHINGTON ET MEXICO …

sur http://www.eode.org/luc-michels-geopolitical-daily-la-nouvelle-geopolitique-du-mexique-ii-comment-moscou-sest-invitee-dans-la-confrontation-entre-washington-et-mexico/

* THE MOSCOW – MEXICO RELATIONSHIP DEEPENS.

OR HOW RUSSIA INVITES ITSELF INTO THE DISPUTE BETWEEN MEXICO AND THE USA OF TRUMP …

sur https://www.lucmichel.net/2018/02/09/luc-michels-geopolitical-daily-the-moscow-mexico-relationship-deepens-or-how-russia-invites-itself-into-the-dispute-between-mexico-and-the-usa-of-trump/

* WHAT IS MEXICO TO RUSSIA? – LAVROV INTERVIEW TO THE MEXICAN NEWSPAPER EXCÉLSIOR AND SPANISH RT

(THE MOSCOW – MEXICO RELATIONSHIP DEEPENS II)

sur https://www.lucmichel.net/2018/02/17/luc-michels-geopolitical-daily-what-is-mexico-to-russia-lavrov-interview-to-the-mexican-newspaper-excelsior-and-spanish-rt-the-moscow-mexico-relationship-deepens-ii/

NOTES ET RENVOIS :

(1) Article original sur :

http://www.lepoint.fr/phebe/phebe-les-plaies-toujours-beantes-de-la-guerre-americano-mexicaine-02-07-2018-2232391_3590.php

(2) Le conflit de Rome contre Carthage, de la puissance continentale contre la puissance maritime, le thalassocratie, est classique, fondamental en Géopolitique !

Je peste souvent contre cette absurdité historique et géopolitique sans nom !  Beaucoup d’écrivains aujourd’hui à l’extrême-gauche commettent un contresens de même nature que celui des Spartakistes allemands en 1916-19, se déclarant « spartakistes », et qui relève de la même erreur d’analyse sur l’Empire romain. Parce qu’ils ne connaissent mal l’Histoire et la géopolitique. Et parce que le Gauchisme développe, singulièrement depuis Mai 1968 en France, Italie ou Belgique, un discours anti-étatique et anti-jacobin. Notamment, des gens comme l’idéologue italien Toni NEGRI, qui parlent des Etats-Unis comme « d’un nouvel Empire romain » (sic). Contresens copié-collé de chez les Altermondialistes par certains idéologues néofascistes ou pro islamistes français et italiens.

Les Américains, c’est Carthage !!! Avec l’impérialisme carthaginois, ils partagent le recours à des armées de mercenaires, la domination par une oligarchie, non pas politique, mais économique et une vision qui consiste non pas à diffuser une culture, mais à piller la planète.

Cela n’a rien de nouveau. Dès 1967, THIRIART pouvait déjà s’emporter: « Nous avons lu, sous la plume d’un journaliste du régime, que les Etats-Unis semblaient devenir la « nouvelle Rome ». C’est là un échantillon de l’inculture historique – crasse –. Les Etats-Unis sont essentiellement un Empire maritime, comme le fut longtemps l’Angleterre, comme tenta de l’être le Japon, entre Tsushima et Hiroshima. Le modèle parfait d’empire maritime demeure Carthage et le modèle parfait d’Empire continental reste Rome » Sur ce sujet capital, Jean THIRIART écrivait encore (« USA : un empire de mercantis. Carthago delenda est », LA NATION EUROPEENNE, n° 21, Bruxelles & Paris, octobre 1967) : « Actuellement la lutte titanesque qui se profile en filigrane et qui s’inscrira dans le siècle à venir, sera la lutte pour l’hégémonie, entre une puissance maritime étalée et une puissance terrestre compacte, entre les Etats-Unis et la Grande-Europe. Les conditions continentales et maritimes ont fait naître des styles extrêmement opposés. Rome a été, malgré ses duretés et ses cruautés (…) une puissance civilisatrice tandis que Carthage n’a été qu’une puissance mercantile. De Rome partaient des hommes qui allaient pacifier, organiser, construire, unifier. De Carthage partaient des marchands, des représentants de commerce ; ils partaient pour aller rapidement s’enrichir (…) De Carthage, il ne reste rien : littérature, style architectural, pensée philosophique, pensée politique : c’est le vide. On ne peut s’empêcher de faire un rapprochement avec les Etats-Unis où s’observe aujourd’hui ce même phénomène d’une civilisation sans culture. Le navigateur revient toujours chez lui, le continental s’implante. On peut, sans exagération, affirmer que la géographie ou la géopolitique a créé un style politique ».

Les révolutionnaires allemands Karl LIEBKNECHT et Rosa LUXEMBOURG – dont LENINE jugeait les vues étroites et qui ont politiquement échoué  là où les Bolchéviques ont triomphé – ont eu une vision historique complètement faussée en choisissant Spartacus et la Révolte des esclaves pour emblème. Les esclaves révoltés n’étaient nullement le prolétariat antique. Celui-ci, c’est précisément la plèbe, dont les intérêts s’exprimaient dans le Parti populaire et qui formaient l’ossature des Légions de Marius à César. Le légionnaire est obligatoirement un citoyen romain sous la République, héritage de l’ancienne Démocratie directe des origines romaines. La vision des révolutionnaires français de 1789, imprégnés de l’Histoire romaine, a été plus claire. Ce n’est pas sans raison que BABEUF, le « premier communiste de l’Histoire moderne » selon Marx, avait choisi comme prénom révolutionnaire celui de « Gracchus » ! Précisément les Gracques, les deux leaders martyrs du parti populaire, les tribuns de la plèbe assassinés de la République romaine.

La Géopolitique de la Grande-Europe – qui est aussi la base et la matrice des thèses néo-eurasistes – ne fait qu’exprimer une vision globale, politique, éthique, de civilisation que l’on peut résumer par la formule lapidaire « Rome contre Carthage » !

Les trois guerres puniques opposèrent durant près d’un siècle la Rome antique et Carthage (civilisation punique et pas « africaine », les africains sont ses voisins numides, alliés de Rome). La cause initiale des guerres puniques fut le heurt des deux empires en Sicile, qui était en partie contrôlée par les Carthaginois. Au début de la première guerre punique, Carthage avait formé un vaste empire maritime (thalassocratie) et dominait la mer Méditerranée, alors que Rome avait conquis l’Italie péninsulaire (puissance continentale). À la fin de la troisième guerre punique, Rome parvint à conquérir les territoires carthaginois et à détruire Carthage, devenant ainsi la plus grande puissance de la Méditerranée. Nous sommes aujourd’hui dans la « 4e guerre punique » …

(3) Connu pour sa théorie du « Choc des civilisations », Huntington est aussi le père de conceptions du futur des USA qui flirtent avec le néofascisme. ET est aussi l’auteur de cette théorie dite « du grand remplacement de population », qui cible les Latinos. Professeur à l’Université d’Harvard, HUNTINGTON a dirigé le « John M. Olin Institue for Strategic Studies » et a été expert auprès du Conseil National Américain de Sécurité sous l’administration Carter. Il est aussi le fondateur et l’un des directeurs de la revue « Foreign Policy », où ont été exposées initialement ses thèses sur le choc des civilisations.

HUNTINGTON théorise les justifications idéologiques de l’affrontement de Washington avec le reste du monde. C’est une oeuvre à moyenne vision – les trois ou quatre prochaines décennies – destinée bien plus aux alliés supposés de Washington qu’au public américain. Ses théories sur « le choc des civilisations » visent à dissimuler les pratiques cyniques de la politique internationale américaine et à fournir une justification à une nouvelle politique de « containment », qui vise surtout la Russie et la Chine mais aussi l’Europe en voie d’unification, et à pérenniser celle-ci. Samuel P. HUNTINGTONest est venu corriger FUKUJAMA, le compléter. La fin de l’Histoire n’étant pas immédiate et les peuples étant résistants au « Nouvel Ordre Mondial » et à son horizon avilissant de « chiens heureux », il fallait théoriser les affrontements persistants et persuader les alliés plus ou moins forcés de Washington du bien fondé de la domination planétaire du système américain.

Il publie en 1996 « THE CLASH OF CIVILIZATIONS AND THE REMAKING OF WORLD ORDER ». Selon HUNTINGTON : « L’histoire des hommes, c’est l’histoire des civilisations, depuis les anciennes civilisations sumériennes et égyptiennes jusqu’aux civilisations chrétiennes et musulmane, en passant par les différentes formes des civilisations chinoises et hindoue ». On distingue généralement, nous dit HUNTINGTON, la « civilisation », un concept français du XVIIIème siècle qui s’oppose au concept de « barbarie », des « civilisations », un concept anthropologique qui s’applique à « l’entité culturelle la plus large que l’on puisse envisager ». « Les empires naissent, nous dit-il, et meurent, alors que les civilisations « survivent aux aléas politiques, sociaux, économiques et même idéologiques » (Braudel), pour en définitive succomber à l’invasion de tiers ». HUNTINGTON nous dit que pendant trois mille ans les civilisations séparées par le temps et par l’espace se sont ignorées. Puis la civilisation occidentale domina le monde jusqu’au XXème siècle. Mais l’influence de l’Occident ne cesse de se réduire : « la puissance économique se déplace vers l’Extrême-Orient, dont l’influence politique et la puissance militaire vont croissant. L’Inde est en passe de décoller. L’hostilité du monde musulman va croissant envers l’occident dont les sociétés non occidentales n’acceptent plus comme jadis les diktats et les sermons ». « Peu à peu l’Occident perd sa confiance en soi et sa volonté de dominer ». L »Occident restera le numéro un mondial pendant le XXIème siècle, mais inéluctablement « l’occident continuera à décliner » et « sa prépondérance finira par disparaître ». Donc conclut HUNTINGTON, « l’affrontement est programmé » au travers de « guerres civilisationnelles » entre la civilisation Occidentale et les autres civilisations du Monde. Parmi les adversaires principaux de l’Occident américain, les civilisations orthodoxe, islamiste et confucéenne (Chine et Asie).

Ses théories douteuses aliment l’idéologie de l’Alt-right américaine et de l’extrême-droite européenne (dont une version du « grand remplacement » anti-africaine et anti-arabe à l’usage des européens) …

(4) Les Hispaniques sont de loin le groupe minoritaire le plus important du pays, représentant près de 18% de la population; d’ici 2060, les estimations (les plus larges) du Bureau du recensement, cette part atteindra près de 29 pour cent. Il n’y a donc pas de population latine en voie de devenir majoritaire aux USA vers 2060.

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* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :

Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire –

Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme

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