LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2019 02 20/
« L’un des principaux objectifs des États-Unis au Moyen-Orient est de limiter l’expansion de l’Iran en tant que puissance politique et militaire dans la région. Focalisés sur l’Iran en tant que source d’instabilité au Moyen-Orient, les États-Unis ont de puissants alliés, comme Israël et la plupart des États arabes du Golfe. Mais les importants alliés de Washington avec l’UE ne sont pas d’accord pour dire que Téhéran est à l’origine de toute l’instabilité régionale, ce qui a été mis en lumière cette semaine lors d’un sommet attendu depuis longtemps à Varsovie, en Pologne »
– Statfor (ce 14 février).
Suite à l’échec de cette conférence « mort-née » selon Téhéran, qui a eu lieu ces 13 et jeudi 14 février à Varsovie, le Think tank américain ‘Stratfor’ (1) affirme que « Washington n’a pas réussi, une fois de plus, à atteindre ses objectifs anti-iraniens ».
Ce Think Tank influent (2), lié au Lobby militaro-industriel US et au Pentagone, basé au Texas, fournit aux journalistes et décideurs « une nouvelle compréhension géopolitique des grands événements internationaux ». Depuis le départ de son fondateur, le géopoliticien US Georges Friedman (qui dirige désormais ‘Geopolitical Futures’), ‘Stratfor’ travailles surtout à destination des décideurs économiques. Dans un rapport ayant pour titre « Moyen-Orient: aucun progrès pour les États-Unis sur l’Iran à la conférence de Varsovie » (3), il se focalise sur les résultats obtenus par Washington à l’issu de ce rendez-vous anti-iranien.
« L’ABSENCE D’UN GRAND NOMBRE DE MINISTRES DES AFFAIRES ETRANGERES DANS CETTE CONFERENCE ETAIT DUE A LA NATURE ANTI-IRANIENNE DU SOMMET » (STRATFOR)
« La réunion de deux jours organisée à Varsovie par les États-Unis sur la sécurité au Moyen-Orient s’est terminée le 14 février. Des représentants de 60 pays ont discuté des stratégies du renforcement de la sécurité au Moyen-Orient. Au menu de cette conférence figuraient également des consultations sur la promesse faite par les États-Unis de dévoiler le soi-disant plan de paix israélo-palestinien (Ndla : auto-qualifié de « Deal du siècle ») après les élections du 9 avril d’Israël. Mais seulement un tiers des pays participants ont envoyé leur chefs de la diplomatie à la réunion. »
Autant d’absences qui « soulignent les tensions grandissantes entre l’UE et les États-Unis, surtout depuis le retrait américain de l’accord international sur le nucléaire iranien et le rétablissement des sanctions unilatérales et extraterritoriales américaines contre Téhéran ».
Pour le Think Tank américain, « l’absence d’un grand nombre de ministres des Affaires étrangères dans cette conférence était due à la nature anti-iranienne du sommet ». Bien sûr, « des progrès ont été accomplis dans l’amélioration des relations entre les pays arabes du golfe Persique et Israël, y compris la rencontre entre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et le ministre des Affaires étrangères d’Oman ». Le ministre des Affaires étrangères de Bahreïn a également annoncé qu’il « normaliserait » les relations de Manama avec Israël.
Selon ‘Stratfor’, « le Sommet de Varsovie, au lieu de souligner la convergence et le consensus sur les questions de sécurité au Moyen-Orient, a mis l’accent sur la divergence et le désaccord, plus particulièrement, sur les arguments des États-Unis sur la nécessité d’adopter des positions obstinées et rudes à l’égard de l’Iran. Une position qui n’a pas reçu l’approbation d’un grand nombre d’autorités européennes ».
« LES USA N’ONT PAS REUSSI A FORGER UNE ALLIANCE ANTI-IRANIENNE » (QUASSEMI, PORTE-PAROLE DU MINISTERE IRANIEN DES AFFAIRES ETRANGERES)
Le ministère iranien des Affaires étrangères a annoncé que tous les participants à la Conférence de Varsovie, organisée par les États-Unis, qui visait à rassembler le soutien international contre la République islamique d’Iran, savaient bel et bien que ce serait un « échec total ». La Conférence de deux jours, qui a débuté mercredi 13 février dans la capitale polonaise en réunissant les délégations d’une soixantaine de gouvernements, n’a abouti à aucune décision contre Téhéran.
« Malgré d’importantes tentatives de Washington pour organiser un sommet inclusif et forger une nouvelle alliance contre la République islamique d’Iran, le faible taux de participation et l’absence de position anti-iranienne ont fait de la déclaration finale de la conférence un document inutile », a déclaré, vendredi 15 février, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Bahram Qassemi. « Comment une conférence intitulée « Paix et sécurité au Moyen-Orient » peut-elle réussir quand les principaux acteurs régionaux tels que l’Iran, la Turquie, le Liban, la Syrie, l’Irak et la Palestine n’y sont pas présents et quand des pays majeurs tels que la Chine, la Russie et de nombreux autres pays européens et non-européens étaient absents ou représentés au plus bas niveau ? », a-t-il ajouté.
De nombreux pays ont annoncé bien avant cet événement très controversé qu’ils n’y participeraient pas ou qu’ils y enverraient des délégations au bas niveau. Les États-Unis étaient représentés à la fois par le vice-président Mike Pence et le secrétaire d’État Mike Pompeo. Cette forte réticence a contraint les États-Unis à revenir sur leur décision initiale de placer l’Iran à l’ordre du jour de la Conférence. En réaction aux propos anti-iraniens du vice-président américain, l’Allemagne a souligné « qu’elle soutenait l’accord nucléaire signé avec l’Iran ».
À la tribune de la Conférence de Varsovie, Mike Pence et Mike Pompeo ont critiqué l’Union européenne pour « ne pas avoir suivi le modèle de Washington » en se retirant de l’accord nucléaire de 2015. Ils ont appelé les autres signataires de cet accord – le Royaume-Uni, la France, la Chine, la Russie et l’Allemagne – « à rompre les liens avec l’Iran et à se joindre à la campagne de pression politique et économique de Washington visant à contraindre la République islamique d’abandonner son programme de missiles balistiques et de réduire son influence régionale »
Bahram Qassemi a déclaré que de telles remarques « agressives » de la part des responsables de la Maison-Blanche démontraient leur échec. « Il est ironique que les États-Unis organisent, d’une part, une soi-disant conférence pour la paix et la sécurité et qu’ils provoquent, d’autre part, davantage de tensions et de conflits dans le monde en se retirant de l’accord sur le nucléaire et de nombreux autres accords internationaux », a réaffirmé le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères. « Malgré toutes les politiques hostiles et belligérantes des États-Unis et d’Israël, le combat et la résistance pour rétablir la paix et la stabilité dans une région dépourvue de toute présence étrangère se poursuivront. Que les États-Unis prennent conscience, le plus tôt possible, des réalités en cours dans cette région délicate du monde et qu’ils abandonnent leurs politiques marquées de haine », a-t-il déclaré.
# VOIR AUSSI LA PARTIE I DE CETTE ANALYSE :
* LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
LA CONFERENCE DE VARSOVIE CONFIRME LE NOUVEAU RAPPORT DE FORCES AU PROCHE-ORIENT
NOTES ET RENVOIS :
(1) STRATFOR, « un think-tank et une société mondiale de renseignements, fournit aux journalistes et producteurs une nouvelle compréhension des événements mondiaux d’importance géopolitique ». Telle est l’auto-présentation de STRATFOR, qui affirme que « Notre perspective associe renseignements et analyse pour donner une meilleure compréhension de ce qui est derrière ces événements, relier les points entre eux, et prévoir ce qui va arriver dans les prochaines semaines » et que « STRATFOR est l’éditeur en ligne de premier plan du monde des renseignements géopolitiques. Notre équipe mondiale de professionnels du renseignement offre à nos membres un aperçu des développements politiques, économiques et militaires pour réduire les risques, identifier les opportunités, et rester au courant des événements à travers le monde ».
Strategic Forecasting Inc., plus communément connu comme STRATFOR , est en fait une entreprise privée basée au Texas, qui recueille des renseignements pour les sociétés et services des gouvernements américain et étrangers. En raison de son analyse et de ses prévisions précises, STRATFOR « sert souvent comme source pour les médias et continue de fournir des mises à jour quotidiennes de renseignements et des interviews d’experts pour les sites médias locaux, nationaux et internationaux. STRATFOR « fournit des informations publiées et un service de renseignement personnalisé pour les particuliers, les entreprises mondiales, et les services des gouvernements américain et étrangers à travers le monde. La liste des clients de STRATFOR est confidentielle, mais la liste de la publicité de la société comprend 500 sociétés de Fortune et des organismes gouvernementaux internationaux. Les professionnels du renseignement de STRATFOR apparaissent régulièrement à des conférences et comme experts en la matière dans les médias grand public ».
STRATFOR a été cité par des médias tels que CNN, Bloomberg, Associated Press, Reuters, The New York Times et la BBC comme « une autorité sur les questions stratégiques et tactiques ». STRATFOR a aussi été diabolisée par certains « théoriciens du complot » et présenté comme une « CIA de l’ombre ». C’est évidement une méconnaissance fondamentale de ce qu’est le travail de renseignement sur les sources ouvertes. STRATFOR a été spécialement l’objet d’un article en couverture dans BARRON intitulée « The Shadow CIA » (Jonathan R. Laing. « The Shadow CIA ». Recherche 2007-09-17).
(2) Cfr. Luc MICHEL, EODE THINK TANK /
LA GEOPOLITIQUE VUE DES USA : LES ANALYSES GEOPOLITIQUES ET GEOSTRATEGIQUES DE “STRATFOR INTELLIGENCE” SUR EODE
(3) Statfor, “Middle East: No Progress for U.S. on Iran at Warsaw Summit”, Feb 14, 2019.
Photos :
Le ministre des Affaires étrangères du gouvernement démissionnaire du Yémen, Khalid al-Yamani (à gauche), serre la main du secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, à la conférence de Varsovie censé porter sur la paix et la sécurité au Moyen-Orient, le 14 février 2019 en Pologne.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir à la Conférence de Varsovie.
(Sources : Stratfor – Reuters – EODE Think Tank)
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE
* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire –
Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme
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