LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2019 05 15/
Nous annoncions dès ses débuts le caractère artificiel et irréaliste des « accords d’Astana » (aussi appelés processus d’Astana ou de Sotchi) (1). Ceci pour des raisons qui tiennent à la fois à la nature du régime d’Erdogan mais aussi et surtout à ses bases géopolitique et géoidéologique (le « Néo-ottomanisme » et le « pantouranisme ») (2) (3). Les « géopolitologues de l’émotion » (4) oublient toujours que la géoidéologie, à la fois vision du monde et projet géopolitique, l’emporte souvent sur la raison …
Il semble que la patience de Poutine vis-à-vis des errements d’Erdogan en Syrie soit arrivée à son terme. Après la conversation entre les présidents russe et turc hier, voici l’aviation russe qui écrase au sol les alliés djihadistes d’Ankara à Idlib et Hama. Certains évoquent avec ironie le fait que Poutine « ait aimablement averti » Erdogan. La presse d’Etat iranienne, le troisième partenaire d’Astana, elle, dont on sentait l’irritation envers la duplicité turque depuis des mois, ne cache pas sa satisfaction …
« En effet, suite à l’appel téléphonique entre le président russe, Vladimir Poutine et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, l’aviation russe a lancé une violente série de frappe mardi après midi sur l’axe Idlib-Hama ». Selon ‘Al Masdar News’, « l’armée de l’air russe a attaqué pour la première fois les dernières positions terroristes dans le nord-ouest de Hama, frappant plusieurs sites autour d’al-Hobait et de Tal Sakher. À la suite de cette attaque, l’armée de l’air russe a lancé un grand nombre de frappes aériennes dans le nord-est de Lattaquié et dans l’ouest d’Idlib, la majorité de ces frappes visant la ville clé de Jisr al-Choghour ». Secondée par l’allié russe, l’armée syrienne a atteint la frontière sud-ouest d’Idlib.
LES FORCES DE L’ARMEE SYRIENNE ET L’AVIATION RUSSE ONT INFLIGE DE LOURDES DEFAITES AUX GROUPES TERRORISTES AU COURS DE LEURS OPERATIONS DANS LE NORD DU HAMA ET LE SUD D’IDLIB.
Cela faisait déjà huit jours que les unités terrestres, balistiques et ceux de l’artillerie de l’armée syrienne ont lancé avec l’aide des combattants de la Résistance et des conseillers et bombardiers russe, des opérations visant à nettoyer les régions du nord de la province de Hama et du sud de la province d’Idlib. Les groupes terroristes ne cessaient en effet de violer la trêve dans les zones dites de désescalade en lançant des attaques à l’artillerie lourde contre les forces syriennes.
Appuyés par les forces du général de brigade Soheil Hassan surnommé le Tigre, les forces de l’armée syrienne ont libéré au cours des opérations menées la semaine dernière « un barrage et 20 localités situées dans le nord de Hama et le sud d’Idlib, étendues sur une superficie de 100 km, à savoir Kafr Nabudah, al-Janabereh, Jabriya, al-Husan, Qalaa al-Madiq et le barrage d’Afamia ». Selon les sources sur le terrain, « des dizaines de bases, de positions et de dépôts d’armes appartenant aux groupes terroristes dans les localités d’al-Hobit, de Kafr Nabal et dans la ville de Deir Sonbol, ont été prises pour cibles et détruites par l’armée syrienne ».
IDLIB/HAMA :
L’ARMEE SYRIENNE S’EST EMPAREE DE TROIS LOCALITES ET D’UN AEROPORT
(AVEC ‘PARS TODAY’)
Peu après sa conversation téléphonique mardi avec son homologue turc, le président russe, Vladimir Poutine aurait donné l’ordre d’une nouvelle vague de frappes contre les positions des terroristes pro Ankara au nord-est syrien. « Tout porte à croire que la Turquie commence à s’essouffler et à larguer les terroristes qu’elle soutient depuis des années à Idlib et dans ses environs », commente ‘Pars Today’ . Poursuivant les opérations visant à chasser les terroristes pro-Ankara des provinces du nord et du nord est du pays, les forces de l’armée syrienne ont repoussé l’attaque lancée par les terroristes du Front al-Nosra sur les axes de Khan Cheikhoun et d’al-Hobait dans le sud de la province d’Idlib. L’armée syrienne a également récupéré les localités d’al-Huwayz, d’al-Mouhajirine, d’al-Hamra ainsi que la piste d’atterrissage d’al-Sharia dans la province de Hama.
Les ‘forces du Tigre’, corps d’élite de l’armée syrienne, ont lancé une attaque d’envergure sur la ville d’al-Hamra qui, contrôlée par les terroristes, se trouve à proximité d’une piste d’atterrissage à al-Sharia. Après une bataille acharnée avec les terroristes, l’armée syrienne a réussi à reprendre le contrôle des deux sites tout en avançant vers le nord pour sécuriser la région.
L’armée syrienne tente également de s’emparer de la ville d’al-Huwayz afin de renforcer sa présence autour de l’axe Idlib-Hama.
Lancées depuis 8 jours dans le nord syrien, les opérations de l’armée syrienne ont conduit à la reprise de zones stratégiques. Intensifiant leurs attaques contre les terroristes dans la région, les forces de l’aviation syrienne et russe lancent de lourdes frappes aériennes dans le gouvernorat d’Idlib. Selon une source sur le terrain, les forces du Tigre « ont lancé une rafale de missiles en direction des positions ennemies, infligeant de lourdes pertes aux terroristes de Hayat Tahrir al-Cham. Elles ont par la suite commencé à prendre d’assaut la ville d’al-Huwayz, située juste au sud des montagnes d’al-Zawiya toujours dans la province d’Idlib. Les forces de l’armée syrienne sont d’ores et déjà entrées dans la ville et se dirigent maintenant vers la dernière position des terroristes ». À présent les terroristes du Front al-Nosra, leurs alliés et d’autres groupes armés, sont « encerclés dans les localités d’al-Huwayz, de Jisr Beit Ras et d’al-Hawija ».
COMMENT L’ARMEE ARABE SYRIENNE A CESSE DE MENAGER L’ARMEE TURQUE
Depuis la reprise de son opération de nettoyage dans deux provinces de Hama et d’Idlib au nord-ouest de la Syrie, le 7 mai, l’armée syrienne ne cesse de poursuivre sa progression sur l’axe Hama-Idlib au nord-ouest du pays. Se heurtant aux forces turques. « Il était grand temps que l’avancée expansionniste de l’armée turque par Al Nosra interposé cesse », affirme ‘Press Tv’. Selon les médias appartenant aux terroristes, « l’armée syrienne aurait pris pour cible un poste d’observation de l’armée turque sur l’axe Hama-Idlib. La Turquie possède 18 postes d’observation à Idlib, transformés ces derniers temps en arrière-poste d’attaques terroristes contre les positions de l’armée syrienne et de ses alliés ». Des sources proches des terroristes soutenus par Ankara disent encore « que l’armée régulière syrienne a bombardé un poste d’observation de l’armée turque autour de la ville de Shir Mughar, dans la banlieue nord-ouest de Hama à midi (heure locale) ce 12 mai ». La semaine dernière, le même poste avait déjà été bombardé et lors de la frappe, deux soldats turcs avaient été blessés. Ankara avait accusé les Kurdes (sic). « Alors que les terroristes proches d’Ankara tenaient l’armée gouvernementale pour responsable, le ministère turc de la Défense a refusé d’identifier ceux qui ont pris d’assaut son poste d’observation à Hama, commente ‘press Tv’ (…) Mais une chose est sûre : les forces syriennes sont déterminées à aller jusqu’au bout, quitte à neutraliser totalement les milices pro-Ankara ».
Le poste de Shir Mughar est l’un des douze postes d’observation similaires créés l’année dernière par l’armée dans le nord-ouest de Hama dans le cadre d’un accord avec l’Iran et la Russie.
Certaines sources d’information avaient annoncé « qu’après des attaques à l’artillerie et l’intervention d’avions et d’hélicoptères de combat russes, l’armée syrienne avait réussi à prendre quatre localités dans la plaine stratégique d’al-Ghab, au nord-ouest de Hama. Les troupes de l’armée syrienne ont aussi passé la frontière au sud de la province d’Idlib, où elles contrôlent désormais deux villages ». C’était la première percée de l’armée syrienne dans la
COMMENT L’ARMEE RUSSE EST ENGAGEE CONTRE LES FORCES TURQUES ?
« La polémique créée autour de la livraison des S-400 russes à la Turquie n’a pas suffi à retourner la situation. Ankara a crée une milice nouvelle, un cocktail composé des terroristes d’Al-Nosra et d’Ahrar al-Chaam et lui a donné un nom bien significatif : « l’armée de reconquête de Damas », commente ‘Pars Today’. « L’armée syrienne est passé à l’offensive. Mais la guerre de libération d’Idlib implique cette fois plus directement la Russie qui dépasse le stade du soutien aérien. L’armée russe joué un rôle important dans l’offensive en cours de l’armée syrienne dans la banlieue du nord-ouest du gouvernorat de Hama. Ces soldats russes conseillent non seulement l’armée syrienne, mais également ils lui fournissent les données sur des positions des terroristes dans la banlieue nord-ouest de Hama ».
Grâce à cette avancée, l’armée syrienne a réussi à atteindre la frontière sud-ouest du gouvernorat d’Idlib. La date où l’armée syrienne avait le contrôle du sud-ouest d’Idlib remonte à 2014. Cependant, une offensive terroriste à grande échelle dans cette région a entraîné le retrait ultérieur de l’armée dans la banlieue du nord-ouest de Hama. Ce samedi 11 mai, l’armée syrienne « a réussi à atteindre la frontière avec Idlib après avoir repris le contrôle d’au moins cinq villes aux groupes terroristes dans le nord-ouest de Hama ». L’opération lancée le 6 mai par l’armée syrienne vise à sécuriser les villes situées au nord-ouest de Hama et à reprendre les zones d’al-Ghaab actuellement sous le contrôle des groupes terroristes. En outre, l’armée syrienne cherche à reprendre le contrôle des zones encore occupées par les terroristes dans le nord-est de Lattaquié.
NOTES /
(1) Cfr. sur EODE THINK TANK/ GEOPOLITIQUE/
Luc MICHEL, QUEL SOI-DISANT ‘RAPPROCHEMENT TURCO-RUSSE’ ? ERDOGAN REUSSIT SON COUP DE POKER OPPORTUNISTE !
Voir sur PCN-TV (sur YouTube) :
LUC MICHEL/ COUP DE POKER GEOPOLITIQUE D’ERDOGAN CONTRE LES KURDES ET DAMAS
Cfr. sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ DUPLICITE TURQUE EN SYRIE : DAMAS DEMANDE LE RETRAIT IMMEDIAT DES TROUPES TURQUES DE LA VILLE D’IDLIB
Et cfr. sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
L’ACTUALITE QUI CONFIRME L’ANALYSE : ERDOGAN PARTENAIRE OU TRAITRE : ‘TOUT CELA N’INCITE PAS LA RUSSIE A VOIR EN LA TURQUIE UN ALLIE’ (JOURNAL RUSSE RBK DAILY)
(2) Cfr. sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
LE SOI-DISANT ‘RAPPROCHEMENT RUSSO-TURC’(II) : COMMENT LES PROJETS GEOPOLITIQUES NEOEURASISTE RUSSE ET TURC (INTEGRATION DANS L’UE OU PANTOURANISME) SONT ANTAGONISTES !?
Et lire (en anglais) sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
‘RUSSIA-TURKEY-IRAN COALITION DOES NOT EXIST’ (IBRAHIM KARAGÜL, EDITOR-IN-CHIEF OF AKP MOUTHPIECE ‘YENI SAFAK’)
(3) Aux sources du Pantouranisme (ou « Panturquisme ») : l’échec des « Jeunes Turcs » d’Enver Pacha et la défaite de l’Empire ottoman en 1918 …
Enver Pacha est Membre du Comité Union et Progrès (CUP), aussi appelé Mouvement Jeune-Turc. Ce mouvement, qui naît et se développe dans les écoles supérieures militaires de Constantinople, prône le retour à la constitution ottomane de 1876 abolie par le sultan Abdulhamid II et critique la politique servile de ce dernier à l’égard des occidentaux. En 1908 éclate la révolution jeune-turque à Salonique et Enver devient très rapidement un des leaders du mouvement qui parvient à renverser le sultan et installer la seconde ère constitutionnelle de l’Empire Ottoman. Très proche de l’Allemagne où il a étudié et où il retourne très régulièrement, il est l’un des artisans du rapprochement germano-ottoman et de la réforme de l’armée turque sur le modèle allemand.
Devant la défaite des jeunes-turcs aux élections de 1912 au profit de l’Union Libérale et encouragé par le discrédit du nouveau gouvernement à la suite de la crise des Balkans, Enver décide de prendre le pouvoir par la force. Il prend violemment d’assaut la Sublime Porte, le siège du gouvernement turc, et installe un triumvirat dont il fait partie à la tête de l’Empire. Il est de fait le seul maître du pays, n’accorde que très peu d’intérêt au Parlement et exécute ses opposants politique. Auréolé de ses victoires en Tripolitaine (guerre Italie-Empire ottoman) et en Bulgarie (guerres balkaniques), juste avant la première guerre mondiale, lié politiquement à une Allemagne qu’il admire (c’est l’époque des grands projets géopolitiques de l’Allemagne de Guillaume II au Proche-Orient), Enver choisit naturellement l’alliance des puissances centrales lorsque le premier conflit mondiale éclate.
A la fin de la guerre, poursuivi pour le génocide arménien, Enver prend la fuite en l’Allemagne puis en Asie Centrale où il essaie de faire renaître son rêve de toujours : le Panturquisme (ou Pantouranisme). Il récupère un Courant politique visant à la réunion de tous les peuples finno-ougriens et turcophones, dont l’inventeur est Ziya Gögalp (1875-1924), un intellectuel turc à l’origine d’une doctrine, le « pantouranisme », qui prône le regroupement au sein d’une entité politique commune de tous les individus de race et langue turques qui vivent « du Bosphore au Baïkal ». En s’appuyant sur les turcophones d’Asie Centrale il tente d’établir un Turkestan indépendant en s’alliant avec l’URSS contre des rebelles locaux, puis en se retournant contre les soviétiques. Il meurt le 4 août 1922 dans une bataille contre l’Armée Rouge dans l’actuel Tadjikistan, après quelques succès militaires. En 1996 sa dépouille est rapportée à Istanbul, où elle repose depuis.
(4) La « géopolitique de l’émotion » – qui est tout sauf de la Géopolitique ! – est celle qui base ses analyses sur les discours électoraux, la rhétorique, les coups de dés opportunistes. Elle ne conduit qu’à des théories fumeuses, qualifiée de « tournants géopolitiques » (sic). D’un côté, une analyse géopolitique rationnelle, de l’autre des farfeluteries idéologiques emplies d’émotion et d’irrationalité (du style « Trump, Erdogan et Poutine qui seraient unis dans le camp des nationalistes » – sic – ).
Dans le cas du dossier syrien, depuis le mois d’août 2016, je parle de « gesticulations diplomatiques opportunistes » à propos des critiques d’Erdogan contre les USA et du soi-disant « rapprochement avec la Russie » avancée par les « géopolitologues de l’émotion immédiate » des médias russes. La diplomatie d’Erdogan (car c’est bien d’un pouvoir personnel qu’il s’agit) n’est ni atlantiste ni eurasiste (sic), elle est foncièrement opportuniste. Et les évolutions contradictoires d’Ankara le démontrent une fois de plus. Quelques jours après avoir participé au « processus d’Astana », qualifié par la presse russe de « nouveaux Yalta, d’où les USA ont été exclus » – et où Moscou a marqué sa volonté de maintenir Bachar al-Assad au pouvoir -, voici Erdogan qui prétendait « chasser le président syrien du pouvoir ». Et qui dans la même foulée se rapprochait de Trump. La diplomatie néo-ottomane d’Erdogan ce ne sont plus des « tournants » mais le « grand 8 » des parcs d’attraction !
Cfr. sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ FAILLITE DE LA ‘GEOPOLITIQUE DE L’EMOTION”: OUI LA TURQUIE D’ERDOGAN ET DE L’OTAN EN SYRIE ROULE TOUJOURS POUR LES USA (PRESSE IRANIENNE)
(Sources : Pars Today – Press Tv – Sana – Al Masdar News – EODE Think Tank)
Carte :
Depuis le 30 avril 2019, Idlib et Hama sous les bombes.
Zone de « désescalade » d’Idlib.
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE
* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire –
Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme
(Vu de Moscou et Malabo) :
PAGE SPECIALE Luc MICHEL’s Geopolitical Daily
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